Après un an de tractations, le président Obama est confronté à un vote crucial mais incertain dont dépendra aussi la suite de son mandat à la Maison-Blanche. La Chambre des représentants américaine se prononçait hier en fin de journée sur l'adoption de la réforme historique de l'assurance maladie, dans un vote crucial mais incertain dont dépendra aussi la suite du mandat de Barack Obama à la Maison Blanche. Après un vote de procédure, la Chambre des représentants devait se prononcer à partir de 14h00 (18h00 GMT) sur le projet de loi adopté au Sénat le 24 décembre. S'il est voté, le texte ira à la Maison-Blanche et le président Obama le promulguera. Health-care Cliffhanger titre à sa une hier le Washington Post, pour bien souligner que le Tout-Washington retient son souffle à quelques heures de ce vote «à suspense» sur l'assurance maladie, après un an de tractations et de retournements inattendus. Samedi, le président Obama s'est rendu au Capitole devant les élus de la Chambre pour un dernier plaidoyer en faveur de son projet phare. «Tout est dans vos mains, il est temps d'adopter la réforme santé pour l'Amérique, et je crois que vous allez le faire demain», leur a-t-il lancé. «Si vous croyez en votre âme et conscience que ce n'est pas une amélioration par rapport à la situation actuelle (...) alors votez non», a déclaré le président. «Mais si vous êtes d'accord sur le fait que le système ne marche pas pour les familles modestes, si vous avez entendu les mêmes histoires que moi partout dans le pays, alors aidez-nous à réparer ce système». «Ne le faites pas pour moi, ne le faites pas pour le parti démocrate, faites-le pour les Américains», a-t-il martelé. Les démocrates vont-ils réussir à réunir les 216 voix de représentants nécessaires? Un groupe d'élus démocrates indécis a laissé planer le doute ces derniers jours sur leur décision finale et la question fait la une de toutes les gazettes. Mais elle a été tranchée par plusieurs responsables démocrates. Hier, John Larson, un haut responsable des démocrates à la Chambre, a assuré que la réforme aurait ses 216 partisans. La veille, le chef de la majorité démocrate de la Chambre, Steny Hoyer, l'avait déjà promis. S'il passe, ce texte de loi permettra de garantir une couverture santé à 32 millions d'Américains qui en sont dépourvus. Le président a souligné que le texte était avant tout une réforme de l'assurance, «la plus dure de l'histoire». Elle vise à faire en sorte que les assurances privées fonctionnent efficacement pour les familles américaines modestes. La réforme d'un coût de 940 milliards de dollars sur 10 ans devrait aussi réduire le déficit américain de 138 milliards de dollars sur la même période, selon les chiffres du bureau du Budget du Congrès (CBO). Le système d'assurance maladie fait débat depuis un siècle aux Etats-Unis, et des générations de politiciens américains, de Theodore Roosevelt à Bill Clinton, se sont cassé les dents sur ce dossier, longtemps combattu par les médecins et les assureurs. D'ailleurs, les conservateurs eux-mêmes soulignent le caractère historique de cette loi qu'ils fustigent. «Ce serait historique dans la mesure où le président aurait réussi à faire passer ce que personne n'est jamais parvenu à faire», explique hier un sénateur républicain dans le Washington Post.