Après s'être quasiment cassé les dents durant plus d'un siècle pour réformer l'assurance maladie aux Etats-Unis, Obama remporte une victoire historique en faisant adopter sa réforme. Le président Barack Obama a remporté dimanche soir une victoire législative majeure avec l'adoption par la Chambre des représentants d'une réforme historique de l'assurance maladie, qui va garantir une couverture à 32 millions d'Américains qui n'en n'ont pas. Après des mois d'âpres négociations au Congrès, les représentants ont approuvé par 219 voix contre 212 le texte adopté en décembre par le Sénat. «Nous avons prouvé que nous restons un peuple capable de grandes choses», s'est félicité dans la nuit de dimanche à lundi M.Obama, qui devrait très rapidement promulguer la réforme au coeur de son programme électoral. «Ce soir, nous avons surmonté le poids de la politique, alors que tous les spécialistes nous affirmaient que ce n'était plus possible», a souligné le président, souriant mais sobre, qui s'exprimait en direct à la télévision. Pendant les près de 10 heures de débat dimanche, les deux camps se sont affrontés une dernière fois. Les républicains ont réitéré leur opposition au plan jugé trop coûteux des démocrates. Ces derniers ont répliqué en assurant qu'un «statu quo» n'était pas envisageable. «Nous avons devant nous un projet de loi pour changer une trajectoire qui n'est pas viable», a dit le chef de la majorité démocrate, Steny Hoyer, en évoquant le coût élevé de la santé aux Etats-Unis. La présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, qui a été longuement ovationnée par son camp, a salué «l'engagement inébranlable» du président Obama pour la cause de la réforme. Le républicain Mike Pence, numéro trois de l'opposition, a ironisé: «il n'y a qu'à Washington qu'on peut dire qu'on dépense 1000 milliards tout en faisant économiser de l'argent aux contribuables». La réforme, d'un coût de 940 milliards de dollars sur 10 ans, devrait réduire le déficit américain de 138 milliards de dollars, selon le bureau du Budget du Congrès (CBO). Le texte prévoit, en effet, une baisse des dépenses du programme d'assurance maladie des personnes âgées (Medicare). Au total, le texte devrait permettre de garantir une couverture à 32 millions d'Américains qui en sont dépourvus. L'objectif est de couvrir 95% des Américains de moins de 65 ans. Le texte interdit aussi aux assureurs de refuser une couverture à des personnes préalablement malades. Il fallait une majorité de 216 voix pour que le texte soit adopté. Le vote était encore incertain dans l'après-midi de dimanche. Pour débloquer la situation, le président Obama a dû signer un décret pour réaffirmer l'interdiction des financements fédéraux pour l'avortement. Les démocrates ont longtemps hésité à voter pour une réforme que les sondages disent impopulaire. Au total, 34 d'entre eux ont voté contre le projet de loi avec 178 républicains, dont pas un n'a voté pour la réforme. Rassemblés pendant le week-end aux pieds du Capitole, plusieurs centaines d'adversaires de la réforme ont scandé sans relâche «Kill the bill» (Tuez le projet de loi). «On s'en souviendra en novembre», ont-ils assuré, en faisant allusion aux prochaines élections législatives. Pour le quotidien conservateur Wall Street Journal, cette réforme équivaut à «un coup d'Etat du gouvernement fédéral sur le système d'assurance-santé». Le New York Times, au contraire, saluait hier une loi qui représente «un exploit aux dimensions historiques». Même tonalité pour le Washington Post qui estime dans un éditorial que Barack Obama «vient d'entrer dans l'histoire». Reprenant son slogan de campagne «Yes, we can», le Post se félicite: «Yes, we did» (oui, nous l'avons fait), ajoutant: «Le président Obama peut enfin employer ces mots».