Une victoire pour Barack Obama. Le Sénat américain a adopté jeudi la réforme du système de santé défendue par le chef de la Maison Blanche, un texte historique qui pourrait instaurer pour la première fois une couverture santé quasi universelle aux Etats-Unis. Barack Obama a salué l'adoption du texte, qui étend la couverture maladie à plus de 30 millions d'Américains non assurés, mais n'est pas encore arrivé au terme de son parcours législatif. Le président américain a assuré que le gouvernement était maintenant "enfin prêt à honorer la promesse" d'une "véritable réforme de santé qui apportera une stabilité et une sécurité supplémentaires au peuple américain". Ce vote rapproche les Etats-Unis "de la fin de près d'un siècle de lutte", a-t-il également déclaré à la Maison Blanche. Il a ajouté que les présidents américains depuis Theodore Roosevelt en 1912 avaient tenté sans succès de réformer le système de santé. Les sénateurs ont adopté la réforme par 60 voix contre 39 jeudi matin, parachevant des mois de négociations difficiles et 24 jours de débats à la haute assemblée. Les 58 démocrates et deux indépendants ont voté "oui", tandis que les républicains se sont prononcés à l'unanimité contre la réforme. Une majorité simple était requise. Le texte a donc été adopté avec une marge confortable, mais a montré clairement la division entre démocrates et républicains sur ce dossier. Le plus dur est peut-être encore à venir: un compromis devra être trouvé entre le texte du Sénat et la version notablement différente déjà votée à la Chambre des représentants. Les démocrates estiment toutefois être allés trop loin pour échouer maintenant. Le vote du Sénat est un succès appréciable pour Barack Obama qui a vécu une année souvent chaotique. Sa cote de popularité est tombée autour de 50% alors qu'il doit gérer un chômage élevé, une montée de la violence en Afghanistan et un débat sur la santé qui divise l'opinion. Le chef de la Maison Blanche avait reporté ses vacances de Noël à Hawaï dans l'attente du vote du Sénat, signe de son importance pour sa présidence. Le texte pourrait avoir un impact déterminant sur les élections de mi-mandat en 2010, voire sur les chances de réélection de Barack Obama en 2012. Après le vote, le chef de la minorité républicaine à la Chambre des représentants John Boehner s'est livré à une attaque en règle du texte, le qualifiant de "monstruosité" et dénonçant "la prise de contrôle du système de santé par le gouvernement démocrate". Le texte instaure pour la première fois le principe d'une couverture santé obligatoire pour presque tous les Américains et prévoit des aides pour permettre aux bas revenus d'y accéder. Les entreprises seraient de leur côté incitées à fournir une couverture médicale à leurs employés par un mélange de crédits d'impôts et de sanctions. La réforme, évaluée à près de 1.000 milliards de dollars (694 milliards d'euros) sur dix ans, sera financée par des taxes, des cotisations et des coupes dans le programme d'assurance médicale publique pour les personnes âgées (Medicare). Si elle est appliquée comme prévu, elle permettra une réduction des déficits publics de 130 milliards de dollars (90 milliards d'euros) sur les dix prochaines années, selon le Bureau du budget du Congrès. M. Obama a réaffirmé jeudi que le texte aiderait à mettre fin à des pratiques très critiquées des assureurs américains, comme le fait de refuser de couvrir un client en raison d'une maladie préexistante. De fait, la nouvelle loi interdit aux assureurs de refuser des prises en charge ou de faire payer des primes plus élevées à cause de maladies préexistantes. Certains membres de l'aile gauche du Parti démocrate ne sont pas emballés par le texte du Sénat, estimant qu'il ne va pas assez loin en laissant 24 millions de personnes sans assurance santé. Selon des analystes, la loi étendrait la couverture médicale à environ 94% des Américains âgés de moins de 65 ans, un total dont sont exclus les immigrés clandestins. Les négociations entre la Chambre des représentants et le Sénat devraient commencer à partir de la semaine prochaine. Des différences importantes séparent leur texte respectif, notamment sur la création d'une couverture publique qui figure dans la version de la chambre basse mais est absente du projet du Sénat.