Aïn Khiar est une bourgade de moins de 3 000 habitants relevant administrativement de la commune d'El-Tarf et qui, à présent, ne dispose d'aucune ressource digne de ce nom. “Les habitants tirent leur subsistance en travaillant la terre qui finalement ne rapporte plus grand-chose”, nous dit un fellah. En effet, les moyens de production mis en œuvre coûtent excessivement cher sans compter la flambée des prix du gas-oil qui a connu une hausse de plus de 100%. Les cultivateurs de la localité, située à quelques bornes de la mer, se heurtent annuellement au manque des semis, d'une part et l'absence quasi totale de moyens pouvant les aider à la mise en valeur des terres, d'autre part. On enregistre plus de 1 000 hectares en friche. La localité bien quelle soit une des plus anciennes de la région n'a pu accéder au rang de chef-lieu communal, elle est constituée dans sa majorité écrasante de constructions précaires. La réalisation dans le domaine de l'habitat se fait, nous dit-on, à la lenteur d'une fourmi. Les quelques maisonnettes réalisées çà et là sont le fruit d'un travail de longue haleine de travailleurs immigrés ou tout simplement de personnes nanties. À proprement parler, la bourgade n'a pas bénéficié d'un programme d'investissement depuis plus de quinze années. On signale quand même la concrétisation récemment d'une maison pour vieillards, un centre psychopédagogique ayant ouvert ses portes depuis presque une décennie et un centre de rééducation des plus sophistiqués en voie de réalisation. Les quelques citoyens qui y résident s'accrochent à leurs parcelles de terre bien que celles-ci ne leur permettent pas de se nourrir. Le risque de tout abandonner effleure plusieurs esprits vu les conditions de vie très difficiles. Les citoyens que nous avions côtoyés deux journées durant déplorent l'état d'affaiblissement et d'appauvrissement qui frappe les habitants de cette bourgade. L'exode rural qui risque d'un moment à l'autre de se développer aura incontestablement des effets négatifs sur les localités du chef-lieu de wilaya et d'Aïn El-Assel qui étouffent déjà sous la pression imprévisible de plusieurs citoyens venus des contrées limitrophes. Les tentatives d'améliorer le cadre de vie n'ont pas donné les résultats escomptés. Cependant, au niveau du chef-lieu communal, on note avec satisfaction des attributions de terres. Les listes sont déjà arrêtées par une commission mise sur pied depuis plus d'un semestre par le premier responsable de la wilaya qui a jugé utile de céder ces terrains au lieu de les laisser en jachère. Opiniâtreté fort appréciée par les agriculteurs qui ont trouvé des terres déjà défrichées. L'opération pourrait être déclenchée au niveau de cette localité au sol sablonneux qui sied parfaitement à la culture des arachides. Les eaux qui ont tendance à se perdre dans la nature peuvent être récupérées. Les eaux des oueds pourront servir à l'irrigation des parcelles de terrain plantées d'arachide. Le secteur de l'habitat comme nous l'avions signalé est figé depuis plus de quinze ans. Peu de logements ont été réalisés. Le déficit étant compensé par ce qu'on dénomme l'autoconstruction. Les dernières attributions ont fait le mécontentement de la population sidérée par le laxisme de certains et le manque de considération d'autres envers une population affable et hospitalière. La localité en dépit d'une population à forte concentration n'a pu disposer de son propre collège d'enseignement moyen (CEM) qu'en 2004, les lycéens sont scolarisés à El-Tarf ou à Aïn El-Assel, contraints à se déplacer jusqu'au chef-lieu de wilaya pour poursuivre leurs études dans des conditions lamentables. La direction des transports a, certes, accordé des autorisations pour des promoteurs privés qui utilisent des fourgons mais les horaires sont irréguliers. Cette petite localité, nous racontent les autochtones est victime de plusieurs vols de maisons. Le renforcement sécuritaire est souhaité. La chaussée réalisée depuis quatre à cinq ans est dans un piteux état, nécessitant actuellement une réhabilitation par de vrais entrepreneurs et non des bricoleurs.