Résumé : Da Idir propose à Mohamed un temps de réflexion. Il devrait peser le pour et le contre avant de donner sa réponse quant à son mariage avec Louisa. Mohamed est outré. Il veut en parler tout d'abord à sa mère… 17eme partie Il s'approche d'elle et l'embrasse sur la tête. Elle sourit et lui entoure le visage de ses mains. - Oh ! Mohamed mon fils, mais où étais-tu donc passé ces derniers temps ? - J'étais là mère, mais comme je passais mes journées au champ ou au marché, je ne pouvais te rendre régulièrement visite. - Mais la femme de Da Idir m'a dit que les semailles étaient terminées. - Oui, mais tout de suite après c'était les olives. La cueillette bat encore son plein. Mais pour les oliviers de Da Idir, le travail est déjà liquidé. - Bien, mon fils. Que comptes-tu faire maintenant ? Mohamed garde le silence et regarde sa mère un moment avant de répondre : - Je ne sais pas encore mère, mais d'ici demain soir, j'aviserai. - Tu as dis demain soir… - Oui mère. - Mais, je… Je ne comprends pas. Que veux-tu donc dire par là Mohamed ? - Eh bien, c'est une longue histoire. - Raconte-là moi donc. Mohamed soupire. Sa mère ne le lâchera pas avant d'avoir tout appris de lui. Son instinct maternel avait déjà pris les devants, et elle le sentait anxieux. - Dis-moi donc ce qui ne va pas, mon fils. Je sens que quelque chose te préoccupe. Mohamed s'assoit près de sa mère et commence à lui narrer son récit. Il lui confie son attirance pour Louisa et ses intentions, mais aussi ses réticences vis-à-vis des propositions de Da Idir. La vieille femme hochait la tête d'un air sérieux tout au long du récit de son fils. Quand Mohamed se tut elle garde un moment le silence avant de prendre la parole : - Je ne sais quoi te dire, mon fils. Louisa est une brave fille qui s'occupe de moi comme personne ne l'a jamais fait. Elle vient tous les matin m'aider à faire ma toilette, me sert à manger et me tient compagnie quand elle n'est pas occupée. C'est une fille que n'importe quelle maman aurait souhaité avoir comme bru. Moi-même j'y avais pensé. Mes yeux ne la voient pas, mais mon cœur a sensibilisé son âme. Elle est bonne, douce et d'une grande générosité. Est-elle aussi belle physiquement qu'elle est au moral ? Mohamed sourit et prend les mains de sa mère pour les porter à ses lèvres. - Elle est d'une beauté à couper le souffle, mère. - Je le sentais bien. Une telle bonté ne pouvait qu'habiter un corps aussi beau. Oh ! comme j'aurais aimé que les choses se passent autrement. Si ton père était encore de ce monde, nous serions toujours chez nous, et j'aurais été heureuse de te marier à cette belle jeune fille dont tu sembles éperdument amoureux. Mohamed hoche la tête : - Hélas. Je ne pourrai pas épouser cette fille tant que je n'ai aucun statut. Des larmes inondèrent le visage de la vieille femme. - Pourquoi pleures-tu mère ? s'écrie Mohamed. - Mon cœur saigne, mon fils. Nous sommes une famille noble et réputée. Et nous voici tout à coup réduit à mendier. Pourquoi ne sommes-nous donc pas restés chez nous et vivre comme avant même avec peu de moyens. Nous avions quand même notre maison et, aussi travailleur que tu es, tu aurais vite fait de récupérer nos terres. Mohamed secoue la tête. - Non mère, je ne pourrais jamais vivre dans cette maison qui a abrité mon enfance et mon adolescence et qui a été le théâtre de tous les évènements heureux que j'ai vécus jusqu'à présent. L'absence de mon père et le comportement de mes frères m'ont dissuadé. Nos terres ont été vendues pour une bouchée de pain et tous nos biens dilapidés. Crois-tu que je pourrais travailler chez autrui alors que j'étais maître chez moi ? Non mère. Ton fils a sa fierté et son honneur. Si je veux tenter l'aventure de la grande ville, c'est parce que là-bas, je serai un inconnu. Même si j'échoue dans mes projets, je ne serai pas obligé d'affronter le regard malveillant des gens du village. Nous n'avons pas que des amis, tu le sais bien. Y. H. (À suivre)