Résumé : Da Idir est en colère. Il en veut à Mohamed. Ce dernier accuse le coup, sans comprendre. Il veut des explications. Da Idir ne se fera pas prier pour lui avouer qu'il s'était mal conduit… 14eme partie Mohamed rougit. Mais voulant avoir le cœur net, il lance : - Cela va de soi, Da Idir. Chez nous aussi l'honneur est sacré et nos femmes sont protégées. Gare à celui qui badine avec nos traditions. - Bien, mon fils. Alors, maintenant, pourrais-tu me dire pourquoi tu courtisais ma fille Louisa. La surprise était telle pour Mohamed qu'il faillit lâcher sa tasse de café. - Courtiser Louisa ! - Oui, mon fils. Figure-toi que quand je t'avais remis les emplettes à déposer à la maison, je n'avais en aucun cas pensé que tu allais profiter de l'occasion pour faire la cour à ma fille. Pour moi, tu es un fils, et non un étranger. Me suis-je trompé ? Mohamed sentit sa gorge se nouer. Il avait du mal à respirer et des gouttes de sueur brillaient sur son front. Il prit son courage à deux mains pour répondre : - Loin de là, Da Idir. Lorsque tu m'a remis ces paquets à déposer à la maison, j'ai rencontré Louisa dans la grande salle avec la grande jarre d'eau sur le dos. Je voulais juste l'aider à se débarrasser de son fardeau et c'est pour cela que je me suis approché d'elle. - Oui, mais vous avez eu une conversation. - Heu… pas vraiment. Louisa est trop pudique, trop timide. Elle m'a proposé un café et… - Et tu lui as répondu que tu l'aimais. Cette fois, Mohamed baisse les yeux et rougit jusqu'à la racine des cheveux. Ce n'est tout de même pas Louisa qui a été raconter tout cela à son père ! Il relève la tête mais ne put regarder Da Idir en face. Il sentait la honte le gagner. Da Idir va désormais se méfier de lui et la confiance ne régnera plus jamais entre eux. L'homme le regarde un moment sans rien dire. Mohamed ne pouvait ni s'esquiver ni faire autre chose que de demeurer en face de ce brave homme qui vient de le surprendre en grande faute. Au bout d'un long silence, Da Idir reprend : - J'aimerais avoir le cœur net mon fils. Qu'as-tu donc l'intention de faire ? - Moi ? Mais rien, Da Idir. - Comment ça rien. Si ma fille te plaît autant, tu n'as tout de même pas l'intention de vivre tel un moine en éternel célibataire. Mohamed pousse un soupir. - Non, bien sûr que non. Mais tu connais ma situation. Pour le moment, je n'ai ni un toit ni un travail pour garantir l'avenir d'un foyer et d'une famille. Comment veux-tu que je prenne femme, Da Idir, alors que je suis un nomade ? - Le problème n'est pas là, Mohamed. Ma fille Louisa a déjà reçu plusieurs demandes en mariage que j'ai refusées. Les prétendants étaient tous issus de familles nobles et aisées et avaient tout pour la rendre heureuse. Mais la raison essentielle de mon refus n'était autre que celle que ces jeunes gens étaient trop gâtés et paresseux. Je ne regarde pas ce que tu as mon fils, mais plutôt ce que tu es. Je veux un homme ! - Mais je ne possède même pas un dîner et… - Allons donc, Mohamed, tu posséderas tout. Je ferai en sorte que tu aies une maison et des biens. - Comment cela ? - Eh bien, pour être sincère avec toi mon fils, je rêvais du jour où tu demanderais Louisa en mariage. Comme cela tardait à se faire, j'ai conclu que ma fille ne te plaisait pas. Mais comme le hasard fait bien les choses, la dernière fois quand vous avez échangé ces quelques propos toi et ma fille, il se trouve que ma femme a tout vu et entendu car elle était juste derrière vous dans le coin le plus sombre de la salle. Vous étiez tellement pris dans votre manège que vous ne l'aviez même pas remarquée. Mohamed baisse la tête pour la énième fois. - Je suis désolé. Mais c'était plus fort que moi, Da Idir. Mes sentiments envers Louisa avaient pris une telle ampleur que j'avais très peur de la décevoir. - Et maintenant que comptes-tu faire ? Mohamed se tut. La question était posée. Il devait ou accepter ou refuser. Les dés sont jetés, il ne reste plus qu'à savoir jouer. Il se met à réfléchir un moment. Da Idir est un brave homme, se dit-il, et sa famille est des plus nobles. Il sait que s'il épousait Louisa, il n'aura pas à le regretter, car il sera lié à des gens qui le considéraient déjà comme un des leurs. Mais pourra-t-il supporter l'idée de vivre chez les autres et de travailler pour eux ? Y. H. (À suivre)