Le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, a estimé, jeudi à Bruxelles, que “les flux d'investissements européens sont en deçà des attentes de l'Algérie”, après près de cinq années de l'application de l'Accord d'association Algérie-UE. “Je considère, après près de cinq années d'application de l'accord, que les flux d'investissements européens sont en deçà des attentes de l'Algérie, en particulier ceux destinés à promouvoir la diversification de son économie et de ses exportations, alors que cet accord a pour objectif de bâtir une relation globale et un partenariat gagnant-gagnant devant se traduire, notamment par l'accroissement des investissements directs européens en Algérie”, a-t-il déclaré dans un discours prononcé au Forum de Crans-Montana, tenu à Bruxelles, sur “l'Afrique après le G20 de Pittsburgh et Londres : les nouveaux paramètres économiques”. Chiffres à l'appui, le ministre soutiendra que “sur le plan commercial, les données sur la période 2005-2009 indiquent qu'en valeurs absolues, les importations de marchandises sont en croissance continue et ont pratiquement doublé, alors que sur la période considérée, les exportations sont fluctuantes et constituées essentiellement de produits énergétiques”. “Les exportations hors hydrocarbures demeurent très marginales et sont souvent soumises à des obstacles non tarifaires”, a-t-il insisté. Il révélera, à cet égard, que “le démantèlement tarifaire retenu dans l'accord d'association s'est traduit au plan du budget de l'Etat par un manque à gagner évalué à 2,2 milliards de dollars, et ce, en contexte de forte sollicitation de la ressource publique pour la couverture financière du budget de l'Etat”. “Corrélativement, ce contexte a accru la propension à importer en biens et services au titre des dépenses d'investissements”, a-t-il souligné. Evoquant les perspectives de la coopération bilatérale, il indiquera qu'en 2017, “la fin du processus de démantèlement tarifaire et l'entrée effective en zone de libre-échange entre l'UE et l'Algérie se traduiront par un manque à gagner estimé à près de 3,5 milliards de dollars”. “En dernière instance, c'est moins de ressources fiscales, peu d'investissements, peu d'exportations hors hydrocarbures, et une économie qui pourrait privilégier l'acte de commercer à celui de produire”, a-t-il encore constaté. Partant de cela, pour l'Algérie, “l'enjeu n'est pas dans la perte des ressources immédiates mais dans l'instauration d'une dynamique d'investissement et de croissance, de mise à niveau et renforcement de la compétitivité”, a soutenu le ministre algérien, qui rappellera que “c'est un moment particulier pour l'économie algérienne pour évaluer et affiner les relations avec les institutions européennes”, et ce, à la veille d'un nouveau programme quinquennal de développement des infrastructures qui sera lancé au cours de cette année. Ce programme, auquel sera consacrée une enveloppe de 300 milliards de dollars, rappelle M. Djoudi, porte sur de nombreux projets dans les secteurs des transports, de l'eau, des travaux publics, du logement ainsi que sur des projets du développement humain dont l'éducation, la formation professionnelle et la santé. L'Algérie a signé un accord d'association avec l'UE en 2002, entré en vigueur en 2005, avec, à l'échéance de 2017, l'établissement d'une zone totale de libre-échange qui devrait se traduire par un démantèlement tarifaire et une liberté d'investir. Faisant un premier bilan des retombées de cet accord qui, “fondamentalement, était là pour permettre à l'Algérie d'assurer une mise à niveau rapide de son économie par les investissements ou par une assistance” notamment, le ministre constatera une baisse des recettes fiscales, donc moins de revenus pour l'Etat, une absence d'investissements significatifs de l'UE qui n'excèdent pas les 500 millions de dollars par an, et un doublement des importations venant de l'UE. “Donc, on n'a pas significativement d'impact tant en termes de croissance et de soutien à la mise à niveau, qu'en termes de diversification de nos revenus”, a conclu M. Djoudi.