Il reste à diversifier notre industrie en général et la production de médicaments en particulier, afin de passer du conditionnement à la production. Même si certains produits risquent de rester pendant longtemps encore difficiles à fabriquer en Algérie, parce qu'ils nécessitent des investissements lourds spécifiques et très pointus. Nous nous classons parmi les dix premiers dans le médicament générique sur le marché algérien. Nous sommes 34e, sur les quelque 300 opérateurs, multinationales y compris, tant en valeur qu'en volume. Notre CA s'élevait à environ 1 milliard de dinars en 2009. Nous ne sommes pas des commerçants comme les autres, et notre priorité est le malade. Nous nous proposons de devenir une référence dans le générique en Algérie avec le meilleur rapport qualité/prix. L'état actuel de la production du générique laisse à désirer. Il existe de nombreuses contraintes, des difficultés dues aussi bien à la fabrication elle-même qu'à la concurrence déloyale. Beaucoup reste à faire dans le secteur. Avant 2007, environ 70% des médicaments étaient importés. Actuellement, la consommation locale de génériques atteint 40% en valeur de parts de marché et 60% en volume. À comparer avec la valeur du marché du médicament qui ne cesse de croître, à cause du changement de la structure de la population qui devient plus âgée et donc sujette aux maladies de l'âge. En 2008, le marché du médicament valait environ 2,35 milliards de dollars. En 2013, il égalera environ 3 milliards $. Entre 2008 et 2009, nous avons atteint une croissance de 50% chez Genericlab. La tendance en Algérie est conforme avec ce qui se passe dans le monde qui se dirige vers plus de génériques. La population algérienne est vieillissante et subit les conséquences de ce vieillissement dans ses particularités épidémiologiques, avec augmentation des affections de diabète de type 2, ou de l'hypertension artérielle. La consommation de médicaments a explosé en 10 ans, à cause de ce vieillissement de la population. Il faudra néanmoins tout faire pour maîtriser les coûts à travers le recours au générique et à la production locale en tentant de préserver le système de Sécurité sociale qui accuse déjà gravement le coup. Si la LFC 2009 et la LF 2010, qui ont interdit l'importation des biens produits en Algérie, ont fait beaucoup de bien à notre filière, la fiscalité reste à la traîne, puisque nous sommes contraints de payer d'avance, la TAP à 2% du CA. Par conséquent, malgré l'accompagnement de l'Andi, nous risquons de pâtir puisque ces 2% du CA, payables à l'avance équivaudront à 50% de l'IBS. À titre de comparaison, en France l'impôt c'est le CET qui consiste en un prélèvement de 3,5% sur la valeur ajoutée. Malgré tous les points positifs énumérés, il reste à diversifier notre industrie en général et la production de médicaments en particulier, afin de passer du conditionnement à la production. Même si certains produits risquent de rester pendant longtemps encore difficile à fabriquer en Algérie, parce qu'ils nécessitent des investissements lourds spécifiques et très pointus. L'Algérie, pour l'heure, se trouve dans une étape généraliste. Or, tout ce qui relève du microdosage ou de l'immunothérapie, relève de technologies pointues avec des lignes de production dédiées spécialement à ces produits. Mais il est tout de même permis d'espérer. Nous nous attendons à une lutte sans merci face à nos concurrents et aux multinationales, lorsqu'ils s'apercevront qu'ils perdent des parts de marché face à des produits efficaces. Je comprends qu'il existe du lobbying, mais je suis favorable à une certaine forme de patriotisme économique, s'agissant de défendre les intérêts du pays. Mais avant toute chose, il est vital de convaincre les gens de la valeur du générique, en leur ôtant de la tête les idées préconçues qui leur font considérer le médicament “princeps” comme incontestablement meilleur et à tous les coups. A nous de convaincre les gens qu'une entreprise algérienne est capable de réaliser des médicaments (génériques) efficaces, de qualité, et fabriqués aux normes internationales. Z. B. (*)Dr en médecine, directeur bisness & développement chez Genericlab