Même avec des stations de relevage, les plages de Boumerdès, à savoir le Figuier, la Sablière et Sghirat, sont touchées par les eaux usées. Alors que ces plages sont censées accueillir dans quelques mois des projets touristiques d'envergure. Alors que les différents responsables, notamment ceux de la direction de l'hydraulique et de l'Office national d'assainissement (ONA), affirment avoir réglé le problème lié au traitement des eaux usées au niveau des communes côtières de la wilaya grâce aux stations de relevage qui y ont été implantées, la réalité sur le terrain est tout autre. Un spectacle désolant, voire catastrophique auquel nous avons eu droit au niveau des meilleures plages de la wilaya et cela, à deux mois seulement de l'ouverture de la saison estivale. Il s'agit de la plage du Figuier est, de la plage dite la Sablière relevant de la commune de Boumerdès et celle de Sghirat (cap Blanc) qui relève de Thénia, des plages situées à seulement quatre kilomètres du chef-lieu de wilaya et qui sont censées accueillir des projets touristiques d'envergure internationale. À Figuier est, ce sont les rejets de l'institut d'hôtellerie qui sont déversés directement vers la meilleure plage de la wilaya et cela, à une centaine de mètres de la station de relevage n°7 de l'ONA. À Sghirat, ce sont les eaux usées en provenance d'un site de chalets qui se répandent dans la mer en traversant un oued jonché de déchets se trouvant à 10 mètres seulement de la station de relevage n°8 de l'ONA. Même spectacle à Figuier est, où des égouts coulent à flots dans la mer après avoir emprunté un caniveau situé à une dizaine de mètres de la station de relevage n°6 de l'ONA. Ces trois exemples renseignent on ne peut mieux sur l'écart qui existe entre la théorie et la pratique ou le discours et la réalité en matière de lutte contre la pollution. Si les meilleures plages sont polluées en dépit de l'existence d'une station de relevage, l'on se demande quel est l'état des autres plages non équipées de ces structures dont la mission consiste à éliminer les rejets vers la mer en les refoulant vers la station d'épuration de Boumerdès. Les habitants rencontrés sur les lieux mais aussi les pêcheurs disent avoir tiré la sonnette d'alarme, mais sans résultat. Un autre habitant se demande où sont passés les élus mais aussi les responsables et les associations chargés de la protection de l'environnement et d'assurer la santé des citoyens. La colère se lisait dans les yeux de ces pêcheurs amoureux de la mer qui ont été les premiers à donner l'alerte sur cette situation qui touche en premier la santé publique et qui nuit à l'environnement et aux écosystèmes marins. Pourtant, la loi n°3 du 19/07/2003, relative à la protection de l'environnement, est sans ambiguïté. Son article 52 énonce en substance : “Sont interdits le déversement, l'immersion et l'incinération dans les eaux maritimes sous juridiction algérienne de matières et substances susceptibles de porter atteinte à la santé publique et aux écosystèmes marins, de nuire aux activités maritimes, d'altérer les eaux maritimes, de dégrader les valeurs d'agrément de la mer et des zones côtières et de porter atteinte à leur potentiel touristique.” Par ailleurs l'Algérie est l'un des premiers pays à avoir ratifié, le 28 avril 2004, les amendements de la convention pour la protection de la mer Méditerranée adoptée à Barcelone le 10 juin 1995.