Le dernier numéro de la publication Horizons Géostratégie a consacré ses 24 pages au dossier de l'ancienne colonie espagnole. Sous l'intitulé “Le Sahara occidental ou la dernière colonie d'Afrique”, la publication mensuelle du quotidien Horizons a approché la question sous différents angles, historique, économique, géopolitique, social, voire sociétal, sans perdre de vue les enjeux régionaux et internationaux ni le jeu des grandes puissances occidentales dans ce territoire maghrébin. Dès les premières pages, la problématique est affichée : le peuple sahraoui est victime d'une double colonisation, espagnole, puis marocaine. Plus explicite, l'éditorialiste explique que le premier colonisateur “avait défié les Nations unies” en se détournant de la logique du processus historique de décolonisation. Profitant de la maladie du général Franco puis de son décès, l'Espagne s'est retirée de son ex-province, après avoir initié secrètement, le 14 novembre 1975, des accords tripartites sur le partage du Sahara occidental entre le Maroc et la Mauritanie (d'Ould-Daddah), en contrepartie d'avantages, notamment économiques. “Le roi (Hassan II, ndlr), plutôt que d'engager son armée à combattre les forces coloniales espagnoles en vue de la ‘récupération' de ce qu'il considérait comme son territoire, avait préféré négocier ‘celle-ci' avec le régime d'un Franco agonisant”, lit-on. La publication mensuelle d'Horizons se distingue par des analyses d'universitaires et de chercheurs algériens. Parmi les contributions figure “L'ONU, fait accompli et missions non accomplies”, d'Abdecelem Ikhlef, de l'université de Constantine. Ce dernier soutient que la cause du peuple sahraoui est une cause juste, même dans sa dimension des droits de l'homme, en relevant au passage que les Sahraouis des territoires occupés “font l'objet d'une répression permanente, sanglante”. Seulement, prévient-il, dans le futur proche, “beaucoup vont demander des excuses, pour avoir soutenu le despotisme et les monarchies absolues”. Par ailleurs, l'universitaire révèle que dans le cas où le Maroc persisterait à ignorer les résolutions onusiennes, le mal serait “plus grave” et signifierait “l'absence d'adhésion réelle chez beaucoup de gouvernants, au principe phare de l'Organisation (ONU), le principe de décision ‘collective'”. Ban Ki-moon estropie le combat pour les droits humains En plus clair, M. Ikhlef pose le problème de la composante du Conseil de sécurité, en matière de sécurité dans le monde, qui renvoie à la nécessaire démocratisation de la décision au niveau de l'ONU. De son côté, le spécialiste en relations internationales Yahia Zoubir revient, dans “Les enjeux régionaux et internationaux”, aux raisons de l'impasse. Selon lui, celles-ci se trouvent avant tout dans “les enjeux géopolitiques”. Le chercheur est également persuadé que le règlement du conflit “incombe à l'ONU”, en notant que “la clé de sa résolution est entre les mains de la France et des Etats-Unis”. M. Zoubir recommande en outre de prendre en compte certains éléments, en signalant que les Américains ne mettent plus “l'accent, comme sous Bush, sur l'autonomie en tant que sujet de négociation” entre les parties en conflit. Mais la lutte antiterroriste au Maghreb-Sahel pousse actuellement les Etats-Unis à “voir le conflit résolu le plus tôt possible”, ajoute-t-il. Ce dernier affirme enfin que dans cette équation sécuritaire, l'Algérie et le Maroc, “des partenaires majeurs” des Etats-Unis, ne s'entendent pas. Ce qui laisserait présager des difficultés, côté américain, à équilibrer les relations avec ces deux pays, en particulier “dans une région où la présence chinoise prend de plus en plus d'ampleur”. Aujourd'hui, après que le secrétaire général des Nations unies eut transmis son dernier rapport au Conseil de sécurité sur la situation au Sahara occidental, force est de constater que son document s'inscrit bien en deçà des attentes, non seulement des Sahraouis, mais également de celles d'Etats, de personnalités, de parlementaires et d'élus, de juristes, d'associations et d'organisations internationales en matière de défense et de protection des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés.