Le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements a déploré la réticence des hommes d'affaires étrangers, encore aujourd'hui, à s'installer en Algérie. “On nous dit depuis dix ans que l'Algérie a du potentiel. Mais peu d'étrangers viennent s'y installer”, observe Hamid Temmar. Le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements intervenait hier à Londres, au cours d'une table ronde organisée par la Chambre arabo-britannique de commerce. L'assistance était essentiellement composée de chefs d'entreprise britanniques, venus s'informer sur le climat des affaires en Algérie. Dans son exposé, le représentant du gouvernement algérien a décliné les grands chapitres de la réforme. Il a en outre mis en valeur les mesures prises par l'Etat pour attirer les investisseurs étrangers. “L'Algérie a la réputation d'être un pays fermé. Or, nous nous distinguons par un système très libéral”, a indiqué M. Temmar. Il en veut pour preuve que l'Etat a déroulé le tapis rouge devant les investisseurs étrangers. En guise d'avantages, il évoque l'existence de bonus fiscaux. Le ministre a relevé par, ailleurs, le droit octroyé désormais aux non-nationaux d'acquérir des concessions foncières à vocation économique. “Nous réorganisons et nous réformons notre économie. Mais on parle encore de potentiel”, martèle M. Temmar. En clair, le ministre ne comprend pas la prudence des milieux d'affaires étrangers, alors que selon lui, l'Etat algérien a tout entrepris pour faciliter leur venue. À ses yeux, la bonne santé de l'économie nationale devrait être un motif suffisant pour convaincre les plus réticents. “Aujourd'hui, nous avons une économie superbe”, remarque le ministre en citant pêle-mêle un matelas de devises, assez rembourré, une balance de paiement positive, le règlement de l'ensemble de la dette, une inflation maîtrisée, le chômage en net recul et un programme de construction d'infrastructures ambitieux. Néanmoins, des points noirs subsistent. M. Temmar parle du manque de ressources humaines et surtout de la bureaucratie, un casse-tête pour les hommes d'affaires étrangers. “90% des problèmes que nous avons avec les étrangers proviennent de ça”, admet-il. Sans la nommer, le ministre pointe également le doigt sur la corruption. Mais il insiste sur les efforts entrepris pour “mettre en place un marché plus transparent”. Des étrangers, le représentant du gouvernement algérien n'attend pas un apport pécuniaire. À la place, il leur demande de faire bénéficier l'économie algérienne de leur expérience et leur expertise. “Nous n'avons pas besoin de votre argent, mais de votre savoir-faire”, a-t-il demandé aux businessmen britanniques. À son avis, la contribution du Royaume-Uni doit cibler en priorité le secteur des services, une activité qui constitue le fondement de sa propre économie et où il excelle. Actuellement, la Grande-Bretagne est surtout présente dans le domaine des hydrocarbures à travers British Petrolum. Une seule banque britannique, la HSBC, s'est installée dans notre pays. Les autres investissements sont encore très marginaux ou au stade de la prospection. En venant à Londres, le ministre de l'Industrie entend persuader les Anglais qu'il existe d'autres activités aussi lucratives que le pétrole et le gaz. Hier en milieu d'après-midi, il rencontrait Mervyn Davis, ministre d'Etat en charge du Commerce, et ce, dans le cadre de la tenue de la seconde session du sous-comité mixte pour les affaires économiques et financières. Aujourd'hui, Hamid Temmar sera l'hôte de la Middle East Association, un organisme d'affaires chargé de promouvoir les investissements britanniques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.