Il y a de ces paradoxes qui, plus que tout discours, disent l'Algérie d'aujourd'hui. La preuve, malheureusement est, une fois de plus, apportée par deux évènements, qui n'ont pas de rapport direct, mais qui ne doivent qu'être rapprochés tant ils symbolisent le drame des Algériens, ceux d'en bas. En effet, des sources espagnoles annonçaient, il y a quelques jours, que des recherches en mer au large des côtes ibériques avaient été enclenchées pour tenter de retrouver 11 harragas algériens disparus en mer. 11 personnes qui sont probablement mortes pour avoir tenté la traversée clandestinement à partir des plages oranaises. Dimanche dernier, l'espoir de ces 11 harragas a été placé dans un “boat” de fortune sur lequel ils devaient être entassés, collés les uns aux autres pour se réchauffer et se donner du courage, tournant le dos à leur vie faite de frustrations, mais aussi d'envies immenses. À quelques jours d'intervalle, des “boatés” d'une autre dimension trônent au port d'Oran. Des bateaux de luxe de croisière, qui pour 3 millions d'euros vont rester à quai pour des passagers pas clandestins du tout. Pour se réchauffer, ils auront un grand restaurant et le jacuzzi… 500 millions de DA ont été ainsi jetés pour l'accostage de ces deux navires, alors que nos harragas ont dû payer leur place dans leur “boat” pas moins de 100 000 DA…