Loin de l'épanouissement pour beaucoup, dans l'indifférence et l'asservissement pour d'autres, les retraités de la Fonction publique vivent une situation sensiblement désastreuse, notamment dans les zones montagnardes. Ils perçoivent une pension qui non seulement n'arrive pas à répondre à leurs besoins de retraités et de leurs conjoints, mais encore faut-il espérer venir en aide en la versant aux ménages aux bas revenus de leurs progénitures rongées par le chômage. Certains sont en détresse. Après les femmes au foyer, les personnes retraitées ne bénéficient d'aucun projet qui pourrait en faire d'eux des éléments aussi utiles que constructifs aux yeux de la société. Du moins aucun centre ou espace qui veillerait à leur santé et à leur bien-être de plus en plus fragilisés. Une petite virée dans nos villages où cette catégorie sociale prend de plus en plus place suffit-elle pour mettre à nu une politique de retraite infligée à ceux et celles qui ont servi le pays. On saisi incontestablement que les “vieux” continuent souvent à gérer leurs foyers multipliés. Leur revenu est juste au seuil de la pauvreté. “Pauvre parmi les salariés, pauvre entre les retraités, je ne peux que survivre, si au moins notre progéniture pouvait voler de ses propres ailes et se débrouiller”, dira ammi Hocine, retraité de l'administration. Ses deux filles diplômées universitaires sont en attente dans un pré-emploi qui s'étale désespérément depuis trois et quatre ans. “Bien que le revenu moyen de la nouvelle vague de retraités semble progresser – du moins à travers ce qu'on lit dans la presse – il n'en demeure pas moins que la vie exige plus de dépense pour répondre aux besoins incessants du marché qui ne cesse de flamber”, enchaîne da Belaïd, ancien instituteur. D'aucuns pensent avec nostalgie, et non sans analogie, à une époque révolue. “À l'époque, au moins, il n'y avait pas autant de consommation et de cohortes de produits et de soins”, reprend-on. Une pression sociale qui fragilise l'équilibre familial et le ménage du retraité depuis au moins 1990. Ailleurs, en ville, les retraités trouvent souvent des boîtes privées où ils peuvent être utiles, se maintenir, ou même – à la limite de l'exploitation parfois – améliorer un tant soit peu leurs conditions. Cependant, la plupart des pensionnés de la campagne auraient un niveau de vie des plus piteux, si l'on épargne ceux ou celles qui jouissent d'une pension en devise. Tout compte fait, en dehors du bol d'air quotidien offert gracieusement par les hauteurs du Djurdjura, à ceux que la jambe ne leurre pas pour faire la marche, aucune structure, ni organisation ne vient soulager ces hommes et femmes qui attendent d'autres péripéties.