Même si des initiatives se sont portées sur la plupart des domaines tels que le roman, la nouvelle, le recueil de contes et de poésie (de reprise ou de création), la traduction, l'histoire, le livre didactique scolaire et parascolaire, le théâtre, le cinéma, le documentaire, la production berbère écrite et filmée est relativement récente. Cette marque récente est due à l'exclusion de la langue longtemps frappée d'un ostracisme qui a duré plus de trente années après l'indépendance. Les premières tentatives, particulièrement le roman, ont vu le jour dans les années 1980 sous la forme d'initiatives militantes. Le HCA œuvre à la promotion de l'édition du livre berbère malgré les difficultés inhérentes au manque de moyens financiers. Il enregistre à son actif plus de 150 ouvrages tous secteurs classés dans une riche collection intitulée Idlisen nnegh (nos livres). Le secteur de la revue est très aléatoire en raison de la courte durée de vie des titres à l'exception de la revue Timmuzgha produite par le HCA et de la revue Passerelles. Les expériences dans le domaine de la presse écrite ont été passagères. Seul le quotidien La Dépêche de Kabylie assure encore une sérieuse publication hebdomadaire chaque lundi. D'une façon générale, l'édition se fait plutôt à compte d'auteur et les moyens nécessaires pour leur propre promotion sont réduits, voire inexistants. Les maisons d'éditions, quant à elles, ne s'engagent pas assez sur des auteurs dits “auteurs maison”. Leur activité étant avant tout commerciale, il est donc légitime qu'elles s'en tiennent à l'argument (réel par ailleurs) du faible lectorat consommateur. L'école de langue berbère étant elle aussi récente, il va sans dire que le lectorat premier et potentiel pour ne pas dire “naturel” est encore en formation mais l'avenir reste prometteur. Pour le moment, c'est le lectorat militant qui est le plus grand consommateur de la production et le caractère militant ne constitue pas encore un critère commercial suffisant. Au niveau universitaire, les instituts amazigh de Béjaïa, Bouira et de Tizi Ouzou réalisent des thèses et des mémoires très intéressants traitant de divers thématiques. Quant au cinéma, bien qu'il enregistre quelques titres, il demeure encore au stade de lancement. Le théâtre, en revanche, occupe une place non négligeable. Le monde de la chanson constitue aussi une donnée de la production. Le maigre patrimoine écrit et hérité des anciennes générations des années 50 est très insuffisant pour constituer une base de large indication hormis la célèbre compilation de Belaïd At Ali qui reste un best-seller en milieu kabyle. En revanche, les travaux purement techniques qui ont traité directement de la langue elle-même sont de dates plus antérieures. On peut citer ceux réalisés par Saïd Boulifa à partir de la fin du XIXe siècle, du FDB, de Mouloud Mammeri et de Salem Chaker. La question ne se situe donc pas au niveau du nombre d'ouvrages réalisés mais de l'observation d'un grand chantier ouvert à la production. Il est donc trop tôt pour parler d'inventaire au sens classique du terme. Sur le plan des études spécialisées des sciences humaines telles que l'anthropologie sociale et culturelle, l'histoire ancienne et contemporaine, la production est considérée assez riche et constitue une banque de données référentielles assez appréciable. Jusqu'à fin de l'année 2008, plus de 7 000 références bibliographiques ont été enregistrées à la bibliothèque nationale du Hamma.