Selon un document déclassifié, adressé au Congrès, le ministère américain de la Défense affirme que Téhéran pourra produire d'ici 2015 des missiles intercontinentaux pouvant atteindre les Etats-Unis, d'où l'inquiétude dans les milieux officiels américains. Même si cela nécessite une aide étrangère pour sa réalisation, la fabrication d'un missile intercontinental capable de frapper le territoire des Etats-Unis par l'Iran est possible d'ici l'an 2015, selon les experts du Pentagone. C'est du moins ce que révèle un document déclassifié du département de Robert Gates, dont le contenu rendu public a été adressée au Congrès. “Avec une aide étrangère suffisante, l'Iran pourrait probablement développer et tester un missile balistique intercontinental capable d'atteindre les Etats-Unis d'ici 2015”, affirment les spécialistes du département de la Défense dans ce rapport. Cela ne fait que confirmer l'attention particulière qu'accorde Washington aux progrès de Téhéran en matière de technologie de missiles à longue portée, notamment en cette période où les Américains accusent le régime iranien de vouloir se doter de l'arme atomique et pousse en faveur de l'adoption de nouvelles sanctions internationales pour le contraindre à mettre fin à ses activités d'enrichissement de l'uranium. Ce nouveau document vient contredire les précédentes conclusions d'un rapport des services de renseignement américains de mai 2009, qui estimait l'Iran incapable de disposer d'un missile de très longue portée avant la période 2015-2020. Pour le Pentagone, la force terrestre iranienne atteindrait 220 000 hommes, à laquelle s'ajouterait la force terrestre de résistance des Gardiens de la Révolution, dont le nombre est estimé à 130 000 hommes. Par ailleurs, l'Iran disposerait de 1 800 à 1 900 chars. Plus détaillé, le dossier fait une évaluation plus large des capacités militaires iraniennes et de son soutien aux insurgés d'Irak et d'Afghanistan, ainsi qu'à des groupes armés comme le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais. Ce dernier aurait, avec le soutien de Téhéran, réapprovisionné son arsenal à un niveau supérieur à ce dont il disposait avant sa guerre de 2006 contre Israël, affirme le même document. Toujours est-il que l'amiral Mike Mullen, le chef d'état-major interarmes des Etats-Unis, a affirmé dimanche dernier qu'une frappe militaire pour dissuader l'Iran de s'armer du feu nucléaire était aujourd'hui la “dernière option”, car redoutant les graves conséquences potentielles d'une telle intervention. Ceci étant, la Turquie est “prête à agir comme intermédiaire” pour aider au règlement de la question nucléaire iranienne. C'est ce qu'a déclaré hier le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu lors d'une conférence de presse à Téhéran. “La Turquie est prête à servir d'intermédiaire pour un échange d'uranium” entre l'Iran et les grandes puissances, “et nous espérons avoir un rôle utile dans ce dossier”, a indiqué le chef de la diplomatie turque à l'issue d'une rencontre avec son homologue iranien Manouchehr Mottaki. Il a ajouté que pour Ankara, “la solution passe par la négociation et par le processus diplomatique” plutôt que par des sanctions, envisagées par les grandes puissances. Pour rappel, la Turquie, qui siège actuellement au Conseil de sécurité de l'ONU, a déjà proposé cet hiver de servir d'intermédiaire pour tenter de régler le conflit entre Téhéran et les grandes puissances, focalisé sur le programme iranien d'enrichissement d'uranium dont les Occidentaux craignent qu'il n'ait un objectif militaire.