Une période d'incertitude sur l'évolution des prix du gaz s'installe pour cinq ans Parallèlement à la 16e Conférence internationale sur le gaz naturel liquéfié, GNL 16, organiséee à Oran, s'est tenu, le 19 avril, le Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG), qui regroupe des acteurs parmi les premiers fournisseurs de gaz dans le monde, Algérie, Russie, Qatar, Iran, Nigeria, Norvège et Hollande, parmi les principaux fournisseurs de gaz à l'Europe, ayant statut d'observateurs. L'Algérie, le Qatar, le Nigeria, l'Egypte, la Libye, membres du forum, détiennent à eux seuls environ 40% des exportations de GNL dans le monde. En dépit de ce poids sur le marché international du gaz, le forum n'est pas parvenu à un consensus pour baisser la production de gaz en vue de faire remonter les prix du gaz actuellement trop bas, en raison de deux facteurs principaux au moins ; la baisse de la demande mondiale due aux effets persistants de la crise économique mondiale, une surabondance de l'offre, particulièrement l'émergence de la production de gaz non-conventionnel aux Etats-Unis et l'augmentation continue des exportations de GNL du Qatar. L'attitude contradictoire du Qatar inquiète L'Algérie a tenté d'imposer une baisse de la production de gaz du FPEG pour influer sur les prix du gaz. En vain, le Qatar et la Russie, deux poids lourds du FPEG, n'ont pas adhéré à la démarche. Ils ont plutôt défendu l'indexation sur ceux du pétrole des prix du gaz sur le marché libre, et ont obtenu un consensus du FPEG sur la question. Mais cette petite victoire ne peut, loin s'en faut, influer sur la dépression des prix du gaz, les contrats à long terme étant prépondérants, du moins pour l'immédiat. Le Qatar a justifié son opposition à une baisse de production par le fait que ses sociétés sont privées. Cela ne l'a pas empêché de signer un protocole d'accord avec la Russie en vue d'augmenter ses investissements dans les gisements de gaz russes. Seul résultat important du forum d'Oran, la constitution d'un groupe de travail en vue d'élaborer une stratégie de l'organisation à moyen et long terme censée défendre les intérêts des pays producteurs de gaz et de parvenir à des solutions pour réguler l'offre en vue d'inverser la tendance du marché en matière de prix. En attendant, le forum a laissé jouer les forces libres du marché, en dépit du fait que l'Algérie ait tiré la sonnette d'alarme sur cette situation d'érosion des prix du gaz, qui risque de durer jusqu'en 2015, selon les prévisions de plusieurs spécialistes qui ont abordé la question lors du GNL 16. L'Algérie a investi donc beaucoup d'efforts et d'argent pour rien. Cinq cents participants étrangers présents sur mille attendus, selon le P-DG de Sonatrach La 16e Conférence internationale sur le GNL s'est tenue malgré les effets du volcan islandais. Mais le blocage des participants étrangers dans les aéroports européens, américains et canadiens a perturbé les travaux et diminué la portée des résultats de cet événement mondial. L'ouverture de la rencontre, prévue du 18 au 21 avril, a été reportée de 24 heures en raison des effets de la fermeture des espaces aériens de l'Europe. Deux sessions ont été annulées, ce qui suppose que beaucoup de communications n'ont pu être présentées. Le GNL 16 enregistre également l'absence de nombreux participants étrangers. Sur mille délégués attendus, cinq cents étaient présents, a indiqué M. Feghouli, dans une conférence de presse à l'issue du GNL 16. ` Les grandes compagnies internationales n'ont quasiment pas dépêché leur P-DG. Elles étaient représentées par des responsables de l'activité GNL des directeurs commerciaux ou des experts. Il ressort notamment des communications présentées qu'une période d'incertitude sur l'évolution des prix du gaz s'installe pour cinq ans. Et que le Qatar dans cette conjoncture morose va inonder le marché. Il compte exporter pour 80 milliards de mètres cubes de GNL en 2011. Cette situation invite au dynamisme de Sonatrach pour maintenir et accroître ses parts de marché, du moins à la reprise de la demande. Lueur d'espoir : l'Europe aura besoin d'importer pour 200 milliards de mètres cubes de gaz à l'horizon 2020. Mais y aura-t-il de la place pour tout le monde entre 2015 et 2020 ?