Cinq grenades ont explosé le 22 avril à Bangkok, faisant 3 morts et 85 blessés. 12 jours auparavant, 25 morts et 800 blessés ont été dénombrés lors d'affrontements entre les “chemises rouges”. La tension entre partisans du gouvernement et opposants s'est donc accrue au point de parler de rupture. Les Thaïlandais, qui vivaient ensemble, malgré les divergences, s'entre-déchirent car les échauffourées ne sont plus d'ordre folklorique avec le jeu des trois couleurs : “chemises rouges” contre “chemises jaunes”, sous l'œil goguenard des “chemises multicolores”, partisans du gouvernement, c'est-à-dire, les militaires, les policiers et des élites institutionnelles. La guerre est au cœur de la capitale, dans le quartier financier de Silom. La tension entre les forces de l'ordre et les “chemises rouges”, les partisans de l'ex-Premier ministre Thaksin, renversé en 2006, a fini par exploser. Cela fait plus d'un mois que ces “chemises rouges” défient les autorités et si celles-ci n'avaient pas encore réagi violemment, c'est que les militaires devaient eux avoir des partisans chez les “chemises rouges”. Une crise sans précédent dans ce pays touristique où le sourire était jusqu'ici la régler d'or. En fait, elle était latente depuis l'arrivée du premier ministre Abhisit Vejjajiva fin 2008, sans avoir été élu, à la faveur d'alliances au Parlement. Cette absence de légitimité démocratique est mise en avant par les “chemises rouges” pour exiger des élections anticipées.