Modérée par Yasmina Belkacem, la rencontre-débat avec l'auteur a tourné essentiellement autour de son livre paru aux éditions Apic à Alger. Notes d'une musique ancienne est l'histoire d'un journaliste contraint de fuir le pays à cause des menaces de mort à son encontre durant les années 1990. Il quitte le pays avec sa fille pour le Canada, à Montréal, où une nouvelle vie commence pour lui. Le récit est le journal “intime” d'un homme au travers duquel il nous livre ses tourments et ses états d'âme. “Il rencontre d'autres déracinés comme lui, immigrants, réfugiés, croisent sa route de journaliste devenu anonyme, une route solitaire, la dure épreuve de l'intégration quand on est devenu personne”, dira l'auteur Salah Benlabed. À propos du pourquoi de ce récit, l'auteur dira que c'est un “mode d'emploi pour immigrants. Je l'ai écrit dans le but de le faire lire aux Québécois pour leur montrer qui nous sommes réellement”. De sujet en sujet, il abordera celui de son personnage. Un personnage sans nom qui reste anonyme tout au long du livre. “Il n'y a pas de précision sur cet individu comme le lieu de naissance ou le nom, car tout le monde peut s'y retrouver. S'identifier à lui”, soulignera-t-il. À la question de savoir pourquoi son personnage exerce le métier de journaliste, Salah Benlabed expliquera que ce choix n'est pas fortuit. Il y a d'abord le journal intime qui est une manière de se remettre à écrire, non pas pour un lectorat mais pour lui car “il n'a personne, il est personne”. Ensuite, il y a l'hommage que l'auteur voulait rendre à cette profession : “Être journaliste à l'époque où je suis parti c'était un peu dangereux. Pour moi, ce sont des héros car ils continuaient à se battre même s'ils étaient visés par le terrorisme.” Tout au long de cette rencontre, l'auteur s'est donné à cœur ouvert en parlant de son aventure humaine et personnelle durant son immigration au Canada. “Je crois avoir écrit au début sans but. Ce livre est une sorte d'autoanalyse. C'est ma vie, la moindre personne citée existe. Peut-être que c'est une sorte de nostalgie”, a-t-il confié. En fait, à travers son livre, Salah Benlabed a voulu démontrer le malheur que vivent ces émigrants loin de la chaleur de leur pays et de leur famille. Du jour au lendemain, ils deviennent personne. “On ne connaît personne, on n'a pas de travail, on traîne dans les rues, on ne connaît personne. Dans ce cas, on devient personne”, a-t-il dit. À rappeler qu'avant de quitter son pays, l'auteur était professeur d'architecture à Alger. À son actif, il a deux recueils de nouvelles : La valise grise en 2006, et De quelques défauts qui font les humains, en 2009 aux éditions de La Pleine Lune. Par ailleurs, “Notes d'une musique ancienne” est paru en 2007 au Canada chez le même éditeur.