Contraint de quitter le pays durant la décennie noire à cause des menaces perpétrées à son encontre, un journaliste immigre avec sa fille à Montréal pour une vie “meilleure”. Un jour, il achète un calepin, résolu à écrire ses mémoires pour ne pas qu'elles tombent dans l'oubli. À travers ce journal intime, cet homme se confie, ouvre son cœur et se remémore sa vie passée, son présent et appréhende son avenir. Il livre ses vieux souvenirs, les démons du passé qui le hantent ou, tout simplement, ce sentiment de lâcheté qui occupe son esprit. La culpabilité d'avoir quitté ses parents et ses racines. Les rêves et les espoirs qu'il fondait étaient brisés. Il évoque cette aventure humaine qui l'a mené à l'autre bout du monde pour la survie de sa fille. Mais ses idéaux et les espoirs qu'il avait en lui, se sont évaporés. Illusions perdues ! Arrivé au Canada, il se retrouve sans personne, sans aucune attache ; il doit refaire sa vie, renaître ! Devenu anonyme, le journaliste ne possède que sa plume pour continuer à exister, grâce à ses écrits et ses mémoires. Dans ce nouveau pays, croyant au rêve américain, il rencontre d'autres déracinés comme lui, immigrés ou réfugiés, qui font un bout de chemin avec lui, mais il reprend vite la voie de la solitude car il n'est “personne”. Cet anonyme s'est restitué une mémoire qui commençait à l'abandonner, à lui faire oublier qui “il” est et d'où il vient ! Il se retrouve entre deux feux, deux sociétés : la première voulait le tuer et la deuxième ne lui donnait aucune considération, aucune valeur. Salah Benlabed, à travers ce personnage sans nom, sans lieu de naissance, a voulu mettre chaque lecteur dans la peau de ce personnage, car tout le monde peut se retrouver dans une situation de solitude et de marginalisation. Il évoque la mémoire de l'homme comme une source de son existence. “On ne peut jamais retrouver un lien d'autrefois, ou revivre un état de bonheur parfait qu'au fil du temps, on ne cesse de perdre et d'oublier. Pourtant, on persiste à croire qu'il est enfoui quelque part dans le passé et qu'il peut être retrouvé”, note l'auteur. Ce dernier a enseigné l'architecture à la faculté d'Alger, il s'est installé à Montréal en 1994, où il a publié deux recueils de nouvelles aux éditions de La Pleine Lune, notamment la Valise grise en 2006, le roman Notes d'une musique ancienne, en 2007, et Quelques défauts qui font les humains en 2009. Notes d'une musique ancienne est disponible en Algérie, grâce à l'initiative des éditions Apic. Notes d'une musique ancienne de Salah Benlabed, roman, 238 pages, éditions Apic, Algérie 2010, 500 DA.