Les trois historiens qui ont animé la conférence à savoir Chawki Mostefai, Amar Bentoumi et Sassi Benhamel étaient unanimes à nous préciser que tout ce qu'ils exigent de la République française sont des excuses et la reconnaissance de ses nombreux crimes en Algérie. La proposition de loi relative à la criminalisation du colonialisme français introduite par un groupe de députés au gouvernement a mis du baume au cœur meurtri de nombreux moudjahidine et historiens algériens. “Je donnerai tout pour que cette loi soit adoptée avant mon enterrement”, ira jusqu'à dire un ancien moudjahid rencontré hier au forum d'El Moudjahid. Une position qui fait l'unanimité parmi les autres acteurs de la révolution présents. Mais tant que le gouvernement ne s'est toujours pas prononcé officiellement sur ce dossier brûlant, les moudjahidine ne sont pas tranquilles. Nombreux s'interrogent voire reprochent à l'exécutif de mettre autant de temps pour prendre position. “Le gouvernement tarde à se prononcer sur la loi portant criminalisation du colonialisme. Rien d'officiel n'a été dit à ce propos et nous nous demandons pourquoi”, nous dit Sassi Benhamel tout en pressant le gouvernement à se positionner le plus tôt possible. Surtout que du côté de la France, les déclarations officielles ne se font pas attendre dès que la République est citée notamment lorsqu'il s'agit de son passé colonial en Algérie. Mais les “mises au point françaises” n'altèrent point les positions de ceux qui ont affronté la France coloniale et combattu jusqu'à arracher l'indépendance du pays. “Le jour où la France cessera d'exiger de la Turquie de qualifier les massacres d'Arméniens de 1915 de génocide et de s'en excuser, nous lui dirons merci pour les crimes commis en Algérie”. C'est la réponse de l'historien et moudjahid Chawki Mostefaï à la levée de boucliers suscitée par la proposition de loi du Parlement algérien portant criminalisation du colonialisme. Rencontré en marge du Forum du quotidien El Moudjahid organisé par l'association Machaal chahid autour des événements du 8 mai 1945, Chawki Mostefaï l'un des témoins des événements nous dira : “La France doit s'excuser pour les crimes qu'elle a commis en Algérie dont les massacres du 8 Mai 45 car il s'agit de crimes odieux.” Les trois historiens qui ont animé la conférence à savoir, Chawki Mostefaï, Amar Bentoumi et Sassi Benhamel étaient unanimes à nous préciser que tout ce qu'ils exigent de la république française “sont des excuses et la reconnaissance de ses nombreux crimes en Algérie”. Quant à l'indemnisation financière des victimes telle qu'énoncée dans la proposition de loi présentée par le Parlement à l'initiative du parti du FLN. “Nous ne voulons pas. Nous tenons à notre nif”, insiste Chawki Mostefaï. Pour Amar Bentoumi : “Nous avons un grand compte à régler avec la France. Ceux qui disent qu'il faut pardonner et tourner la page ignorent toute la réalité, n'ont pas de conscience et aucun esprit de nationalisme.” La France est donc responsable et doit présenter ses excuses, estime le conférencier et d'insister que “la France le fera tôt ou tard”. Elle le fera car il y aura toujours un peuple qui le lui réclamera “même si la génération de l'indépendance ne sera plus là”, pense le moudjahid Sassi Benhamel en réponse aux dernières déclarations de Bernard Kouchner. “La France a tort de croire que sans cette génération la page sera tournée. Il y a nos enfants et nos petits-enfants qui prendront la relève.” D'ailleurs, pour assurer cette relève, trois générations ont assisté hier à la conférence des trois moudjahidine.