Depuis la réalisation du barrage de Taksebt, dans la wilaya de Tizi Ouzou, le lieu est devenu non seulement une ressource en eau potable, pour plusieurs régions du centre du pays, mais également une source d'inspiration pour les visiteurs et les familles qui viennent caresser du regard l'eau bleue à perte de vue. Ils viennent passer des moments au bord de ce “lac artificiel” dont la beauté subjugue, notamment en ce début de printemps. En guise de service, de petites gargotes de fortune occupent les lieux. On y propose du poisson frais, de la carpe pêchée directement du barrage, cuite à la braise. Tout ce qui aiguise l'appétit des visiteurs. Des pratiques courantes autour de nos sites naturels, pris en charges par des débrouillards en quête de pain (el khobza). Autour de Taksebt, des points de vente de poissons frais, suspendus ou présentés sur des étalages en bois. Improvisé sur le bord de la route, ce commerce florissant gagne du terrain. Un poisson qui, pour certains, est censé être protégé, comme la carpe femelle, introduite dans un souci de reproductivité et de nettoyage du barrage et dont la pêche est interdite, selon des associations chargées de la protection de l'environnement. Aucune prise en charge du noyau biosphère du lieu n'est, semble-t-il organisée. Le vandalisme a déjà commencé et le lieu est livré aux pratiques interdites : pêche, extraction de sable, rejets de déchets... Une beauté que l'on dilapide de jour en jour, la main inconsciente des vandales prenant possession du site. En plus de la pêche non contrôlée, l'extraction du sable reste aussi une pratique observée sur place. Des jeunes, souvent attirés par le gain, investissent les lieux pour construire leurs rêves de sable. Une occupation et un gagne-pain pour ces jeunes souvent oubliés de nos responsables. Des camions et des tracteurs font la navette du matin au soir, et même de nuit. Comment un jeune homme dans le seul souci est de gagner sa vie prendrait-il conscience de cette atteinte à la nature quand celle-ci lui sert de seule ressource ? Ce qui impose une prise en charge plus profonde du problème. Si certains amoureux de la nature prennent le soin de nettoyer les lieux avant de partir, d'autres laissent sur place des sacs en plastique et autres déchets non dégradables. En prenant la route reliant Tizi Ouzou à Ouadhia ou celle vers Aïn El Hammam l'on se rend compte du problème. Des bouteilles de bière vides jonchent les bordures, des sacs en plastique et autres déchets ménagers s'accumulent aux alentours dénaturant dangereusement le paysage. Pourtant, le lieu attire de plus en plus d'adeptes de la pêche à la ligne et d'amoureux de la nature tant le barrage est magnifique ; il devrait être bien protégé, de manière permanente, soit par les institutions chargées de l'environnement, soit par celles chargées de la gestion des eaux, afin de le restituer à sa véritable vocation, à savoir le promouvoir en espace éco-touriste. C'est tout un processus de vie et de survie, un devenir autour du barrage de Taksebt, qui devrait impliquer les autorités compétentes et le citoyen lui-même dans la protection et la sauvegarde de ce patrimoine naturel. Une réorganisation du processus s'impose, l'homme qui tire profit du lieu devrait revoir la manière et la méthode de se comporter sur place, de façon à sauvegarder aussi bien sa faune que sa flore. L'engagement des professionnels en la matière (chercheurs et universitaires, spécialistes…) est impératif avec une certaine volonté politique soucieuse de l'environnement.