Les responsables de la direction de l'Office des établissements de jeunesse de Bordj Bou-Arréridj ont décidé d'organiser des séances de projection de films avec débat dans les maisons de jeunes de la wilaya. Et ce ne sont sûrement pas les nombreux cinéphiles de la région qui s'en plaindront. “Cela fait déjà plus de vingt ans que nous avons ce projet, explique Mourad Ouchème, un ancien animateur du ciné-club de la région. “Jusqu'à présent, nous n'étions pas assez nombreux pour le concrétiser, mais cette année, nous sommes vraiment décidés à tenter l'expérience. D'autant plus qu'il y a une réelle demande de la part du public, tant pour des films anciens, en noir et blanc, que pour des œuvres plus actuelles, indépendantes ou intimistes, qui se démarquent des grosses productions dites commerciales qui passent habituellement en salle”, ajoute-t-il. La wilaya de Bordj Bou-Arréridj a connu par le passé une activité cinématographique intense avec deux salles de cinéma, une cinémathèque et même des cinéclubs à travers les places publiques et les lycées. Le nombre de cinéphiles qui se sont formés dans ces lieux de culture et de débat est très important. Une initiative culturelle qui répond en ce sens à une véritable attente, comme l'avait déjà prouvé, en son temps, le cinéclub bordji. “Pas moins de 150 personnes assistaient aux projections toutes les semaines”, se souvient Mourad, qui a animé jusqu'en 1990 cet atelier du centre culturel. “Les séances accueillaient des lycéens, des étudiants, bien sûr, mais aussi la population de tous les horizons, ce qui confirme le large intérêt que suscite la culture cinématographique dans toute sa diversité.” Convaincu de la pertinence du projet, le scénariste Abdelfetah Djoudi analyse les raisons de ce succès annoncé : “La valeur ajoutée de ces séances vient notamment du fait qu'elles sont encadrées, avec une présentation du film, un débat, voire un invité d'honneur.” Motivés par cette volonté de “recréer l'ancien cinéclub”, les responsables de la culture et de la jeunesse de la wilaya ont d'ores et déjà pensé aux questions d'organisation ; comme l'expérience est nouvelle, ils ont prévu de commencer par le chef-lieu de wilaya. Les maisons de jeunes Ahmed-Messadak et Khelifi-Tahar ont été retenus pour abriter cette activité. En effet, chacune d'elles est située au centre-ville et a une capacité de 200 places. Premier film inscrit au programme les Evadés. Ce long-métrage du réalisateur canadien Frank Darabond a été apprécié par les critiques de cinéma pour le sujet traité, à savoir les conflits au sein de la société et surtout l'approche inédite de l'auteur. “Il serait aussi possible d'organiser des festivals et des séances thématiques. Tout dépendra en fait de la motivation et de l'implication des bénévoles”, ajoute notre interlocuteur.