Les attentats du 7 juillet 2005 à Londres ont rapproché le Royaume-Uni de l'Algérie. Il la considère depuis comme un partenaire stratégique dans la lutte contre le terrorisme. Jamais sans doute les relations algéro-britanniques ont connu autant de dynamisme, comme aujourd'hui. Faisant preuve d'un forcing diplomatique sans précédent, le Royaume-Uni ne cache plus son intention de rivaliser avec la France, en avançant ses propres pions. Les Anglais se plaignent d'ailleurs que notre pays continue à être considéré comme une chasse gardée hexagonale. Ce qui n'est pas le cas à leurs yeux. Le décrivant comme un partenaire majeur, ils multiplient les initiatives de rapprochement avec lui. Cette proximité inédite est à mettre sur le compte de la formation travailliste au pouvoir. Après plusieurs années de défiance, d'incompréhension et d'hostilité parfois, le parti de Tony Blair et Gordon Brown a découvert que l'Algérie pouvait être l'amie du Royaume-Uni, son allié. Les attentats dans les transports londoniens en juillet 2005 ont contribué à la transformation de l'attitude des dirigeants britanniques. Le pays venait de découvrir le terrorisme, une tragédie dont l'Algérie a longuement souffert mais que les Anglais n'avaient jamais admis auparavant. Totalement acquis à la thèse du “Qui tu qui ?”, la Grande-Bretagne fermait les yeux face au drame qui se déroulait chez nous. La capitale britannique avait été baptisée le Londonistan, pour avoir servi de refuge aux islamistes algériens et à leurs mentors du Moyen-Orient. Malgré les protestations de l'Algérie, les Anglais continuaient à tendre le micro aux commanditaires des massacres contre les civils. Mais tout a changé après la mort d'une cinquantaine de leurs compatriotes, au cours des attaques kamikazes à Londres. Pour avoir combattu le terrorisme, l'Algérie est hissée au rang de partenaire. La coopération sécuritaire entre les deux pays s'accroît. Elle constitue l'un des principaux volets de la visite d'Etat effectuée par le président de la République au Royaume-Uni, en juillet 2006. Au cours de son séjour, Abdelaziz Bouteflika est reçu par la reine Elizabeth II. Il a eu également des entretiens avec Tony Blair, Premier ministre de l'époque. Les deux hommes mettent sur les rails un partenariat stratégique et multiforme. En matière d'entraide judiciaire, les responsables algériens et britanniques procèdent à la signature d'une convention d'extradition. D'aucuns y voient un prélude au transfèrement du milliardaire déchu, Abdelmoumen Rafik Khelifa. Mais l'accord permet avant tout au Royaume Uni de se débarrasser d'activistes islamistes algériens qui constituent une menace pour sa sécurité. Au plan politique, le Royaume-Uni et l'Algérie mettent en place un haut comité mixte pour encadrer la coopération bilatérale et la promouvoir. Quatre sessions se sont tenues jusque-là. La dernière a eu lieu à Londres en mars dernier, sous la direction de Abdelkader Messahel, ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines, et Ivan Lewis, ministre d'Etat au Foreign Office. La création d'un groupe d'experts des questions sécuritaires couronne les travaux. Entre les deux pays, existe une entente parfaite sur la manière d'appréhender la menace d'Al-Qaïda. Contrairement à la France et aux Etats-Unis, la Grande-Bretagne s'abstient d'inscrire l'Algérie sur une liste noire de pays dont les ressortissants représentent une menace pour sa sécurité aérienne. “Pour les Britanniques, l'Algérie est un pays qui est à l'avant-garde de la lutte antiterroriste et pas un pourvoyeur du terrorisme. Sur cette question, nous nous sommes bien compris et bien entendus”, observe M. Messahel. Sa visite à Londres est suivie par celle de son collègue de l'Energie et des Mines. Chakib Khelil qui s'est entretenu avec ses homologues sur la possibilité d'augmenter le volume des approvisionnements en gaz. Actuellement, notre pays est à la troisième place, parmi les plus grands fournisseurs de gaz au Royaume-Uni. De son côté, la Grande-Bretagne est le premier investisseur étranger dans notre pays, à travers British Petroleum. D'autres secteurs d'affaires captent l'attention des Britanniques. La HSBC s'est installée en Algérie depuis deux ans. Des perspectives de partenariat existent dans les domaines pharmaceutique, de la construction, de l'aérospatial… mais aussi de la défense. Des informations persistantes évoquent la signature d'un contrat de vente d'équipements militaires à l'ANP. En 2008, le gouvernement de Gordon Brown nommait un attaché militaire au sein de son ambassade à Alger. Une première. Depuis, des officiels britanniques se sont rendus en Algérie, dont le prince Andrew, Duc d'York et deuxième fils de la reine. Au moment où la France multiplie les provocations à l'égard de l'Algérie, la Grande-Bretagne la caresse dans le sens du poil. Le 28 avril dernier, le Home Office acceptait l'extradition de Khelifa, une semaine plus tôt, le département de la Justice acceptait d'indemniser Lotfi Raïssi, un pilote algérien injustement accusé de terrorisme.