Le président Hosni Moubarak a mis au défi jeudi l'opposition de présenter des solutions aux problèmes de l'Egypte, la mettant en garde contre “le chaos”, dans son premier discours depuis son retour au Caire. Moubarak, 82 ans, est arrivé cette semaine dans la capitale égyptienne en provenance de la station balnéaire de Charm el-Cheikh sur la mer Rouge, où il avait passé sa convalescence après son opération chirurgicale le 6 mars en Allemagne, qui a relancé les spéculations sur son avenir politique. “En cette période délicate, il ne peut y avoir de place pour ceux qui mêlent changement à chaos”, a-t-il dit à l'occasion de la fête du travail. Moubarak a ajouté “éprouver des appréhensions face à ceux qui glissent (...) vers l'agitation et exposent ainsi l'Egypte et ses fils aux dangers de la régression”. Alors que son gouvernement fait face à des critiques sur ses réformes économiques, le président a mis au défi les formations de l'opposition de soumettre leurs programmes sur l'investissement, la création d'emplois et la politique étrangère. “Je dis à tous ceux qui lancent des slogans et gesticulent : cela ne suffit pas pour gagner la confiance du peuple. Ils (l'opposition) doivent pouvoir répondre aux questions des pauvres, qu'est-ce qu'ils peuvent leur proposer ?”, a-t-il souligné. “Les prochaines élections seront libres et intègres”, a-t-il assuré, en référence aux élections législatives prévues à l'automne, avant la présidentielle de 2011. Les réformes économiques en Egypte, qui attire les investisseurs étrangers, sont largement vues comme favorisant les hommes d'affaires riches et appauvrissant davantage les pauvres. Les gens ordinaires doivent être les premiers à ressentir les bénéfices de l'investissement, a affirmé M. Moubarak, promettant d'augmenter les salaires et de créer des emplois. Sur le front politique, les Frères musulmans, principale force d'opposition, s'inquiètent d'une succession du fils de M. Moubarak. Faisant régulièrement l'objet d'arrestations parmi ses membres, la confrérie, officiellement interdite mais tolérée, dispose d'un cinquième des sièges au Parlement avec des députés étiquetés “indépendants”. L'opposition laïque, en majorité de petites formations désorganisées, a été galvanisée par le retour en Egypte de l'ex-chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Mohamed ElBaradei, favorable à une démocratisation du pays. Devenu l'opposant le plus en vue, M. ElBaradei s'est dit prêt à se présenter à la présidentielle, à condition que le scrutin soit libre et exempt de fraudes et que la Constitution soit révisée pour lever les restrictions pesant sur les candidats indépendants.