Nous avons payé, car nous avons conscience que, pour servir le pays, il nous faut accomplir le devoir de contribuer à le soustraire des mains des affairistes et des détrousseurs. Avis d'alerte aux femmes de ménage et aux petits fonctionnaires de la présidence et du Palais du gouvernement : Bouteflika, le petit frère Saïd et Ahmed Ouyahia seront de mauvaise humeur ce matin. Car, dans leurs bureaux, ils auront découvert chacun un exemplaire de Liberté. Avec un bonus de ce genre là que l'on offre en signe de défi : une page du Matin et une autre du Soir d'Algérie. Nous n'allions tout de même pas nous priver de narguer des apprentis despotes alors que nous venions de leur verser la rançon qu'ils préfèrent appeler “factures d'impression impayées”. Nous n'allions surtout pas préférer notre compte bancaire à notre liberté de dire et de dévoiler les frasques de gouvernants dont le parcours est celui de bandits de grand chemin, de malfrats et de tortionnaires. Nous avons payé la rançon car, à Liberté, nous sommes riches… de nos convictions. Pas de l'argent de Sonatrach. Nous avons payé la rançon, car notre seule ambition est de servir le pays, pas de nous approprier des ranches aux Emirats, ni des appartements aux Champs Elysées. Nous avons payé, car nous avons conscience que, pour servir le pays, il nous faut accomplir le devoir de contribuer à le soustraire des mains des affairistes et des détrousseurs. Empochez donc la rançon, Monsieur Bouteflika et compagnie, et songez dès maintenant à trouver d'autres prétextes pour nous réduire au silence. Mais sachez que vous n'y parviendrez pas. Car, dans ce bras de fer auquel vous nous invitez et que nous acceptons volontiers, nous partons avec un avantage que vous ne pouvez soupçonner : nous connaissons l'ingéniosité que vous mettez à museler la société, vous ignorez notre insolente ténacité à vous résister, notre détermination à vous mettre hors d'état de nuire. Ne pensez surtout pas à nous compter un jour parmi vos larbins. Nous avons appris de nos aînés à vivre du fruit de notre labeur, de nos salaires, uniquement de nos salaires. De nos vaillants aînés que vous ne pouviez rencontrer à Oujda, nous avons appris aussi à être de ceux qui se refusent à mourir de lâcheté. Vous ne parviendrez pas à nous réduire au silence car, aujourd'hui, nous tenons tant, nous tenons par-dessus tout à dire l'importance d'un débat dont nous savons qu'il vous répugne. Il s'agit de celui devant porter sur le bilan du mandat de Bouteflika. Ce débat là, qui impliquera forcément un déballage de sales affaires d'argent et de trafic en tous genres, nous tient à cœur. En aucun cas, nous n'accepterons de le manquer. Couchez-vous donc, nous arrivons. S. C.