Abstraction faite des angoisses et polémiques qui ont précédé la 63e édition du Festival de Cannes, le lancement de la manifestation cannoise a été fait au cours d'une cérémonie sobre. Tandis que les festivaliers et fans vont vivre entre stress, strass et glamour, nombreux sont les hors-la-loi qui se pavaneront sur la Croisette sous l'œil bienveillant de Mère Nature qui a déjà donné deux signaux forts. À quelques jours du début du Festival de Cannes, Mère Nature a lancé deux signaux forts, que tout le monde a pris au sérieux, pour faire savoir qu'elle reste maîtresse de la situation. Cela a fait trembler les gens jusqu'au sommet du festival. Il s'agit des vagues ayant ravagé les rivages cannois et le volcan islandais qui a failli gâcher la très attendue messe cinématographique. Une messe qui a été lancée par un hors-la-loi anglo-saxon à savoir Robin des Bois, du Britannique Ridley Scott. Cette énième mise à l'écran de la légende de l'insoumis anglais nous amène à poser la question de la pertinence de cette adaptation, aussi scottienne soit-elle, surtout quand on sait que plusieurs des précédentes ne manquent pas de charme à l'instar de les Aventures de Robin des Bois de Michael Curtiz, avec Errol Flynn (1938), de Robin des Bois de Wolfgang Reitherman (1973) ou encore de Robin des Bois : Prince des voleurs, de Kevin Reynolds, avec Kevin Costner (1991). La principale différence, à notre sens, réside dans la perfection technique et l'extravagance dont le réalisateur anglais a fait preuve en offrant ainsi un grand spectacle dans lequel les bons Anglais repoussent les méchants Français. Après la polémique autour du film de Rachid Bouchareb, les extrémistes français tiennent ici leur seconde polémique. La deuxième caractéristique consiste à délivrer un message fort qui revient dans le film comme un leitmotiv : “Dressez-vous sans relâche, jusqu'à ce que les moutons deviennent des lions.” Dans ce sens, le rebelle anglais n'est qu'un prétexte pour illustrer cette sagesse qui devient indispensable à l'heure du triomphe de la loi du marché au détriment des acquis sociaux. Ainsi, contrairement aux précédentes versions qui narrent les exploits de l'insoumis de la forêt de Sherwood, Ridley Scott a focalisé son intérêt sur la préhistoire du légendaire bandit des bois. À l'instar d'un sociologue, il montre comment les injustices, la tyrannie, l'égocentrisme des souverains conduisant au manque de liberté, font naître un rebelle qui ose défier les autorités illégitimes. Le film se termine au moment où il rejoint la forêt pour se soumettre aux lois de Mère Nature. Avec cette fin, il rejoint la vision de la nature que James Cameron a développée dans Avatar, mais il tranche avec l'idéologie qui fait l'apologie des Américains sauveurs du monde qui domine le film. Dans cette logique de l'insoumission, plusieurs cinéastes se distinguent à Cannes. D'abord, Rachid Bouchareb qui met en scène la révolution algérienne orchestrée par des Robin des bois algériens enfantés pas l'injustice coloniale. Ensuite, Jafar Pahani, cinéaste iranien et membre du jury, qui n'a pas eu l'autorisation de sortir du pays. D'ailleurs, le président du jury, le fantasque Tim Burton, a plaidé en faveur de sa libération. Enfin, la réalisatrice italienne Sabina Guzzanti, dans Draquila, l'Italie qui tremble, dénonce la gestion par le gouvernement Berlusconi du séisme de l'Aquila survenu en avril 2009. Sandro Bondi, ministre italien de la Culture, a annoncé qu'il boycotterait le festival. Nonobstant ces polémiques, les hors-la-loi se pavanent sur la Croisette pendant que leurs détracteurs s'égosillent.