Le ministre des Transports conditionne les négociations par une reprise du travail, ce que rejettent les cheminots. «Pourquoi les pouvoirs publics s'entêtent à ne pas appliquer la loi?», se sont interrogés hier, les cheminots grévistes. Une centaine de travailleurs se sont regroupés, hier dès le matin, devant le siège de la direction générale de la Sntf (Société nationale des transports ferroviaires). «Nous ne vous demandons que l'application de la loi», ont-ils scandé. Sous le feu de la colère, un travailleur n'est pas allé par trente-six chemins pour fustiger le ministre des transports. «Il est en train de biaiser le débat», a-t-il lancé. Cette réaction des cheminots intervient après les déclaration de Amar Tou, ministre des Transports, qui a appelé les travailleurs à reprendre immédiatement le service, tout en entamant des négociations concernant la convention de branches. Une demande rejetée par les cheminots. «Finalement, le ministre n'est même pas au courant de ce que nous revendiquons», a déclaré, Mme Bounab, membre du comité exécutif de la Fédération nationale des cheminots (FNC). Elle a ajouté que «le ministre parle d'une enveloppe pour négocier la convention de branches, alors que les cheminots demandent l'application de l'article 52 de la convention collective, c'est totalement différent». Au huitième jour de grève, le conflit, qui oppose la base syndicale des cheminots à la direction générale de la Sntf, semble tomber dans un grand fossé. «L'administration ne veut pas négocier sans la reprise du travail, et les travailleurs s'obstinent à maintenir la grève, tant qu'ils n'ont pas reçu une preuve tangible d'une prise en charge de leurs revendications, notamment l'article 52 de la convention collective», a précisé, Abdelhak Benmansour, porte-parole de la cellule de crise des cheminots. «C'est l'impasse totale», a-t-il ajouté. Le directeur général de la Sntf aurait même admis que «c'est le gel total des activités». D'ailleurs, hier, aucun train n'a quitté les gares d'Alger (centrale et Agha) malgré l'appel à la reprise de la Fédération nationale des cheminots (FNC). Dans un communiqué rendu public hier, la FNC a annoncé: «Nous, travailleurs cheminots décidons la reprise du travail ce jour le 15 mai 2010», ce qui a soulevé une colère chez les travailleurs, la scène a failli tourner à l'accrochage entre les membres du bureau fédéral et la base syndicale. D'autre part, une réunion a regroupé hier, le DG de la Sntf, M.Benameur Mourad, le secrétaire général de la FNC, M.Derradji Abdelhamid, et le DRH de la Sntf, M.Dakhli Nouredine, au siège de la Sntf, afin de trouver une solution à la crise qui secoue le secteur des transports ferroviaires. A l'heure où nous mettons sous presse, rien n'a filtré sur cette réunion. Un fédéral des cheminots, sous couvert de l'anonymat nous a déclaré que la direction générale attendait un feu vert du ministère des Transports, pour l'application de l'article 52 de la convention collective. Par ailleurs, les travailleurs grévistes ont dénoncé l'exclusion de la cellule de crise, seul organe habilité à parler en leur nom, de cette réunion. «C'est une réunion pour négocier le non négociable», a estimé, Mme Bounab. Les travailleurs grévistes n'ont plus confiance en la fédération. Contacté par nos soins hier soir, Benmansour Abdelhak a déclaré que «les travailleurs maintiennent toujours la grève tant que leurs doléances ne sont pas satisfaites». Il reste à savoir si les pouvoirs publics vont lâcher du lest, et accepter la revendication des cheminots.