La fin de la compétition est très proche. Dans l'arène de la compétition officielle les affrontements sont impitoyables et sanglants. Les compétiteurs du jour se noient dans le bruit et la fureur que créent ceux du jour suivant. Nonobstant le souvenir de certains films qui reste vivace dans les mémoires des festivaliers à cause de leur charge émotionnelle ou leur force qui remuent en profondeur. Parmi eux figurent, l'audacieux Biutiful du Mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu, le bouleversant Des hommes et des Dieux du Français Xavier Beauvois et le beau Copie conforme de l'Iranien Abbas Kiarostami. D'abord, parlons de ce premier et unique film latino en compétition. Quatre ans après Babel, prix de la mise en scène à Cannes, le réalisateur d'Amours chiennes et de 21 grammes, réussit son film dont il a assuré la réalisation et l'écriture du scénario suite à sa séparation avec son scénariste et auteur de ses premiers films, Guillermo Arriaga. C'est certainement ce qui explique, contrairement à ses précédents longs-métrages, le fait qu'avec Biutiful Alejandro Gonzalez Inarritu a rompu avec la mise scène labyrinthique au profit d'un récit linéaire. Loin de l'image carte postale de Barcelone, le cinéaste mexicain nous entraîne dans les bas-fonds de la capitale catalane où se côtoient immigration clandestine, insalubrités, misère et pauvreté. Ensuite, Des Hommes et des Dieux de Xavier Beauvois qui a mis en scène les sept moines de Tibhirine, enlevés et assassinés en mars 1996. Un assassinat revendiqué par le GIA de Djamel Zitouni, mais dont certaines voix en France évoquent la responsabilité de l'armée algérienne. Cette question polémique a été évitée adroitement au profit du rude quotidien, des angoisses et du choix de ces hommes qui sont allés jusqu'au bout d'eux-mêmes pour affronter leur mort tragique. La presse française croit détenir le gagnant, mais à notre sens, il n'est pas assez coriace pour aller jusqu'au bout de la palme. Enfin, Copie conforme d'Abbas Kiarostami qui propose l'histoire d'un écrivain anglais et une galeriste française qui, suite à une rencontre fortuite, vivent une histoire d'amour sous le soleil de la Toscane laquelle se décline sous ses plus beaux apparats. Même si tout le monde souligne la beauté des images, l'histoire manque d'épaisseur. Même Juliette Binoche qui a incarné le rôle principal féminin n'a pas pu propulser le film. D'aucuns pensent qu'Abbas Kiarostami, habitué de la Croisette, a livré une copie conforme à sa Palme d'or obtenu en 1997 avec Le Goût de la cerise. Ceci étant dit, les dés ne sont point jetés même si le Mexicain s'affirme comme un sérieux prétendant et que la presse française plébiscite déjà Des Hommes et des Dieux. Entre les prétentions des uns et des autres, la voie de la Palme reste impénétrable et sa voix inaudible.