Mercredi prochain, le coup d'envoi de la plus grande manifestation cinématographique du monde sera donné par la belle Cécile de France, maîtresse de cérémonies qui accueillera Kusturicka, entouré de ces lieutenants, constituant le jury, pour l'introniser comme émir de la Croisette, le temps de cette 58e édition qui prendra fin le 22 mai. Tandis que l'ouverture de ce voyage avec l'émir sera française avec Lemming de Dominik Moll, la clôture sera anglaise avec Chromophobia de Martha Fiennes. Entre les deux, plus de 80 pays verront leurs cinématographies défiler sur les écrans cannois en provoquant crépitements de flashs, cris de passions et vibrations des cœurs dans le monde entier. Ainsi, les rédactions des journaux, les plateaux de télés, les professionnels du cinéma, les cinéphiles et les Cannois vivront aux rythmes fiévreux de la Croisette. Alors que la cuvée 2004 a été placée sous le signe de l'éclectisme, celle de 2005 privilégie le cinéma d'auteur en présentant des œuvres “très personnelles et inclassables”, affectionnant le classicisme ou explorant et repoussant les limites de l'esthétique. Parmi les 20 prétendants à la Palme d'or figurent quelques grands chasseurs chevronnés comme le prolifique canadien David Cronenberg avec Une histoire de violence, Gus Van Sant (Palme d'or en 2003 pour Elephant) avec Last days, Lars Von Trier (Palme d'or en 2000 pour Dancer in the dark) avec Manderlay, les frères belges Jean-Pierre et Luc Dardenne (Palme d'or en 1999 pour Rosetta) avec L'enfant et Wim Wenders (Palme d'or en 1984 pour Paris Texas) avec Don't come knockin. Voilà ce qui rendra la tâche de départager ces seigneurs du cinéma difficile à l'émir Kusturicka qui est, lui-même, lauréat de la Palme à deux reprises (Papa est en voyage en 1984 et Underground en 1995). Du côté stars, plusieurs sont annoncées. Parmi elles, figurent Woody Allen, Michael Pitt, Samuel Jackson, Danny Glover, Gael Garcia Bernal, Mickey Rourke, Bruce Willis et Jessica Alba. Ces présences provoqueront des flashs et quelques cris des passionnés lors de la montée des marches. Le Sénégalais Ousmane Sembène, lauréat du prix Un certain regard pour Molaadé en 2004, succédant à Wong Kar-Wai, Nanni Moretti et Stephen Frears, donnera sa Leçon de cinéma à la salle Bunuel et, surtout, nous fera oublier l'absence de l'Afrique dans la compétition officielle. L'Afrique qu'on retrouve, par ailleurs, dans la section “Un certain regard” avec Leïla Merrakchi qui concourt avec son premier film Marock. On la retrouve aussi dans le nouveau programme “Tous les cinémas du monde” qui accueille le florilège cinématographique de quelques pays choisis. Dans cette nouvelle section qui vient s'ajouter aux traditionnelles sections, “Compétition officielle”, “Un certain regard”, “séances hors compétition”, “Compétition de courts métrages”, “Compétition (Cinéfondation)”, “Cannes classiques” et “Cinéma de la plage”. On retrouve le Maroc en compagnie, entre autres, du Mexique, du Pérou et du Sri Lanka. Enfin, comme pour doser la fureur et la fièvre qui s'empareront de la Croisette, une exposition de photos de Dennis Stock sera consacrée à James Dean, “James Dean-Fifty years ago”, et une autre préparée par la Cinémathèque française, à Renoir. Mais cela ne détournera pas les regards de l'affrontement des gladiateurs du cinéma dans l'arène de compétition officielle qui s'annonce palpitant. T. H.