Ce film, du réalisateur d'origine algérienne Rachid Bouchareb, revient sur les affres de la Seconde Guerre mondiale. Après la déferlante vague provoquée par le Da Vinci Code de Dan Brown, diffusé au premier jour de la 59e édition du Festival de Cannes, place maintenant aux films inscrits en compétition. Ainsi, la journée du jeudi dernier a été marquée par la présentation du film Indigènes du réalisateur Rachid Bouchareb. Ce long métrage, dont les rôles sont campés par Jamel Debbouze, Samy Naceri, Roschdy Zem, Sami Bouajila, revient sur l'un des plus sinistres drames qu'a jamais vécu l'humanité: la Seconde Guerre mondiale. Le film relate les derniers souffles aussi macabres qu'infernaux de cette sale guerre...La libération de l´Italie, de la Provence, des Alpes, de la vallée du Rhône, des Vosges, de l´Alsace, ont été essentielles à la victoire des Alliés...et à la place que la France a pu prendre parmi eux après l´armistice. Cette remontée victorieuse mais meurtrière vers l´Allemagne a été le fait de la 1re Armée française, constituée en Afrique pour mieux tromper la surveillance des commissaires allemands et des fonctionnaires de Vichy: 200.000 hommes, parmi eux 130.000 «indigènes» dont environ 110.000 Maghrébins et 20.000 Africains...Le reste étant constitué aux deux tiers de pieds-noirs, et, pour un tiers, de jeunes Français qui avaient fui l´occupation. Le film raconte l´histoire oubliée des soldats dits "indigènes" à travers l´épopée de quatre d´entre eux: Abdelkader, Saïd, Messaoud et Yassir (le goumier) qui sont des voltigeurs. Réputés pour leur endurance, leur sens du terrain, leur courage dans le corps à corps, on les envoie en première ligne...Chacun d´entre eux poursuit un objectif tout au long de cette traversée de la France qu´ils libèrent les armes à la main...Yassir s´est engagé pour le butin qu´il compte ramasser. Messaoud, surpris par l´accueil des Français, a le désir de se marier en France et d´y vivre pour fuir l´apartheid de l´Algérie. Saïd, miséreux du Maroc, espère trouver une famille dans l´armée française. Et Abdelkader se bat pour la liberté et l´égalité, au sein de l´armée, et dans l´espoir que la France reconnaissante sera plus juste avec le peuple algérien colonisé, une fois la guerre terminée. Indigènes rappelle le rôle essentiel des dizaines de milliers de tirailleurs, goumiers et tabors algériens, marocains et tunisiens qui ont participé à la campagne d´Italie et à la libération de la France. D'une durée de 2h05, Indigènes est un film dont le mérite est de lever le voile sur l'un des épisodes les plus affreux, les plus sanglants de l'histoire contemporaine. La mémoire est ressuscitée. Le temps fait marche arrière et braque ses projecteurs sur le rôle capital joué par tous ces soldats partis des colonies pour défendre «leur deuxième patrie» contre l'occupant nazi. Pour les indigènes incorporés dans l'armée française, durant la Seconde Guerre mondiale, cette entreprise a été motivée par la promesse d'une indépendance imminente après la fin de ce conflit planétaire. Des milliers de ces rêveurs ont alors accouru pour libérer «le seigneur» d'entre les mains impitoyables de l'ennemi. Mais l'évidence veut que l'Histoire soit plus implacable, plus fatale, plus farouche, plus sinistre, plus lugubre que le coeur endurci de l'homme. A la différence de l'Histoire, l'homme excelle dans la danse du vent. Ses girouettes sont en constante mobilité. Et la fin réservée par la Seconde Guerre mondiale aux peuples opprimés était d'autant plus terrible que ses séquelles sont restées indélébiles dans la mémoire de l'humanité. D'origine algérienne, Rachid Bouchareb débute à la télévision, et plus précisément à TF1, chaîne alors publique qui lui permet de tourner quelques courts métrages tout en étant assistant-réalisateur sur de nombreux tournages. Du fait de ses origines, les films de Bouchareb revêtent tous le cachet de l'engagement. C'est pour cette raison même qu'il opte pour des thèmes suscitant le débat , on cite: l'intégration, mémoire et histoire, quête d'identité, choc de la modernité contre la tradition.