La compétition officielle a atteint sa vitesse de croisière. Alors que plusieurs cinéastes, très attendus, comme Lars Von Trier, Ken Loach et Pedro Almodovar sont entrés en lice, la Croisette est plongée dans une effervescence qui annonce déjà le début du compte à rebours. Sur les stands installés dans le village international, les représentants de plusieurs pays, dont le Maroc, l'Egypte, la Tunisie, etc. cherchent à séduire les professionnels du cinéma. Les derniers compétiteurs, très attendus, à se jeter dans l'arène sont notamment l'Espagnol Pedro Almodovar, le Britannique Ken Loach et le Norvégien Lars Von Trier. Contrairement à ce dernier qui a livré un film extrêmement difficile d'accès et qui a mis les festivaliers mal à l'aise, Almodovar a proposé un Etreintes brisées plaisant et agréable à voir, mais qui reste sans prétentions malgré la prestation remarquable de son actrice fétiche Pénélope Cruz, et Ken Loach un Looking for Eric touchant ayant provoqué une salve d'applaudissements. On attend encore le Palestinien Eli Suleiman et Quentin Tarantino avant d'affiner et d'ajuster les pronostics. Il est vrai que les regards sont généralement tournés vers la compétition, mais il n'en demeure pas moins que les festivaliers tiennent des programmes assez variés. Ainsi, les stands des pays installés dans le village international ne désemplissent pas. Parmi les pays du Sud représentés, figurent le Maroc, la Tunisie, l'Egypte, la Jordanie, le Liban… Les Algériens sont aussi présents, mais non pas avec un stand. C'est le Pavillon Sud qui leur sert de refuge. On y croise plusieurs cinéastes : des anciens habitués et une douzaine de jeunes qui font leur baptême cannois pour certains grâce à l'aide financière du service culturel de l'ambassade de France. On y croise également l'équipe du Panafricain d'Alger, menée par Ahmed Bedjaoui qui a annoncé une conférence de presse très attendue pour jeudi. L'autre événement important de ces deux derniers jours est incontestablement la leçon de cinéma donnée par les frères Dardenne. Le festival de Cannes tient chaque année une leçon de cinéma donnée par un cinéaste illustre, désormais devenue traditionnelle. Plusieurs cinéastes importants se sont prêtés à cet exercice. Parmi eux figurent Quentin Tarantino, Martin Scorsese, Sembène Osmane, Stephen Frears, Nanni Moretti, Wong Kar Wai... Cette année, ce sont les frères Dardenne, lauréats à deux reprises de la Palme d'or avec Rosetta (1999) et l'Enfant (2005), qui ont parlé devant un public averti de leurs expériences cinématographiques, de leurs rapports à l'image et de leur parcours. Durant ce cours magistral, les deux frères ont évoqué le processus par lequel ils passent dans leur choix d'acteurs et la suprématie des bruitages sur la musique dans leurs films, et sur lequel ils diront : “On accorde beaucoup d'importance à la matérialité des objets. La mise en scène, c'est juste trouver le ton juste, trouver le rythme de la scène.” En outre, les deux Belges ont parlé de leur collaboration sur les tournages.