Le Centre de documentation et d'information sur les droits de l'homme à Béjaïa a abrité, hier, le 12e séminaire, un cycle de formation, qu'initie la Ligue des droits de l'homme, proche de Me Zehouane. Le thème de la rencontre, animée par Mme Boussaïd, enseignante en droit public, est intitulé : “De la démocratie et de son effectivité”. La conférencière, en sa qualité de pédagogue, a rappelé les différentes étapes ayant abouti au concept de démocratie que nous connaissons aujourd'hui. Mais aussi de l'évolution de cette notion à travers les âges : de la Grèce antique à la démocratie participative en passant par les apports des Romains, du courant philosophique (Descartes, Rousseau et Montesquieu), des pamphlétaires, de la Révolution de 1789, etc. L'héritage grec est, a expliqué Mme Boussaïd, à l'origine de la conception de la citoyenneté. L'invention de la Cité grecque, ou polis, c'est l'invention de l'idée de citoyen. Cependant, les Grecs n'ont pas seulement inventé l'idée de citoyen qui ne se confond pas avec l'individu concret ou, en d'autres termes, l'idée d'un domaine politique distinct de la société formée par les liens des hommes concrets, ils ont inventé le principe du respect de la loi. Pourtant, si la Grèce a transmis l'idée de société politique abstraite et utopique, Rome a constitué une autre étape, en définissant les citoyens non plus comme les membres de la Cité mais comme des sujets de droit. Ceci pour dire que la démocratie moderne a hérité de Rome la conception d'une citoyenneté, désormais définie en termes de statut juridique. Le civis romanus disposait des droits civils et personnels : le droit de contracter un mariage légitime avec un citoyen romain ou une fille de citoyen romain, etc. L'enseignante en droit public n'a pas omis de mettre en avant l'existence de cette notion, “le pouvoir du peuple”, dans nos régions : tajmaât en Kabylie. Quant à l'apport des musulmans à la conceptualisation de la démocratie, Mme Boussaïd n'en voit aucun alors qu'au niveau des idées, la terre d'Islam y a contribué, beaucoup même. Les penseurs, qu'ils aient vécu à Cordoue, à Séville, au Maghreb et en Orient, ont tout de même apporté quelque chose au courant rationaliste et humaniste.