L'impossibilité de réformer, les “attaques” contre les étudiants et les professeurs d'université et un climat politique “empoisonné” ont entraîné la première démission d'un ministre du du président iranien Mohammad Khatami depuis sa réélection en 2001. M. Khatami a accepté “avec de profonds regrets” la démission de son ministre des Sciences de la Recherche et de la Technologie, Mostafa Moïn, également en charge de l'enseignement supérieur qui a constitué ces dernières années le cœur de la protestation politique, a rapporté l'agence officielle Irna, hier. Cette démission était sur le bureau du président depuis fin juillet, peu après la vague de manifestations dont l'université avait de nouveau été l'épicentre en juin et juillet. Mostafa Moïn avait déjà présenté sa démission à la suite des manifestations des étudiantes violemment réprimées en juillet 1999, mais le président l'avait alors refusée. Mohammad Khatami, qui dénonce lui-même sans cesse l'obstruction des conservateurs à ses projets de changement, l'a cette fois acceptée en rendant hommage à “la volonté, appréciée, (de M. Moïn) de réformer” le ministère, selon un courrier présidentiel publié par l'agence officielle. Mostafa Moïn, qui avait déjà détenu un portefeuille sous le premier mandat de M. Khatami mais aussi, auparavant, sous la présidence d'Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, venait de voir rejeter, par un organe de contrôle conservateur, un projet de restructuration du ministère. Dans sa lettre de démission, également rendue publique par Irna, il fait cependant comprendre que sa décision ressort d'une frustration plus générale : durant ses fonctions, il a “essayé patiemment de travailler malgré les idées reçues, les injustices, les accusations, les insultes dans l'atmosphère politique trépidante et empoisonnée de l'Iran. Quand je me suis rendu compte que faire vivre une nouvelle expérience au ministère en recourant davantage aux ressources humaines n'était pas possible, je me suis dit que je ne pouvais plus continuer”. Le ministre démissionnaire déplore le conflit si souvent dénoncé entre les centres de décision iraniens, et, en ce qui le concernait, entre le ministère et le Conseil suprême de la révolution culturelle, plus haute autorité sur l'enseignement supérieur, conservatrice. Il ne disposait pas, dit-il, des moyens de ses responsabilités et, “dans un futur prévisible, il n'est pas évident que la structure du ministère permette indépendance et liberté”. Mais, sans faire référence au mouvement de juin-juillet, il proteste aussi contre les “attaques perpétrées par les partisans de la violence et l'étroitesse d'esprit” à l'encontre des professeurs d'université et les étudiants, dont plusieurs centaines ont été arrêtés, cet été, avant de recouvrer la liberté. M. Khatami a annoncé avoir fait de M. Moïn son conseiller et l'avoir nommé, au moins provisoirement, comme “superviseur” des affaires du ministère Jaâfar Mili Monfared, un adjoint du ministre sortant.