En empruntant la RN 5, au niveau de Tidjelabine, on est surpris par un objet insolite, surprenant, un immense pylône de plusieurs dizaines de mètres, planté en contrebas de la route. Renseignement pris, il s'agit d'un modèle de pylône électrique exposé. Petit tour dans l'entreprise qui le fabrique. Après la fabrication de candélabres d'éclairage public, de supports de transport d'énergie basse et moyenne tension agréés par Sonelgaz, l'entreprise Kechabia-Eclairage, sise à Tidjelabine dans la wilaya de Boumerdès, s'attelle désormais à un segment d'un niveau d'importance plus élevé de très haute technicité pour les projets de Sonelgaz et, partant, pour l'économie nationale. L'Algérie a, depuis toujours, eu recours à l'importation de pylônes cornières pour le transport de l'énergie électrique à très haute tension. Les pylônes cornières reviennent évidemment plus cher et en devises et demandent également du temps pour leur installation. Cela, sans compter les difficultés pour les acheminer vers les régions reculées pour leur implantation. Outre l'ampleur de la base de scellement (surface allant jusqu'à 100 m2) qu'ils nécessitent, le montage d'un seul pylône peut durer plusieurs jours. D'où l'idée de cet ingénieur en génie mécanique, docteur en mécanique, Rachid Kechabia, de lancer un produit entièrement algérien qui a fait ces preuves dans beaucoup de pays occidentaux, répondant aux normes internationales et relativement de moindre coût. Le pylône qu'il propose est de forme tubulaire en plusieurs modules emboîtables pouvant aller jusqu'à 56 mètres de hauteur et d'une masse pouvant atteindre plusieurs tonnes de métal. Il est beaucoup plus adapté aux abords d'agglomérations car plus esthétique et se fond plus facilement dans le paysage que le pylône de cornière. À sa base, son envergure, son emprise en béton armé, ne dépasse guère les 9 m2. Il peut être installé en deux heures de temps. Un avantage pour accélérer le projet d'électrification totale du pays tel que préconisé par les pouvoirs publics et le transport de l'énergie destinée au marché extérieur, notamment la ligne Algérie-Espagne en passant par le Maroc. Outre son côté esthétique, le pylône tubulaire est interchangeable et peut être entretenu ou repeint en une seule journée. Conçu principalement pour être installé à proximité des agglomérations, ce pylône ne peut être escaladé en raison de sa forme circulaire (tube) et les premières marches ne commencent qu'à partir de 6 mètres pour empêcher tout risque notamment pour les enfants. Il est également paré pour faire face aux éventuels actes de sabotage. De son étude à sa fabrication dans l'unité de production de la Sarl Kechabia, tous les aspects sont pris en compte dans ce produit, espace, temps, main-d'œuvre et coût ainsi que la sécurité. Entièrement fabriqué à base de matière première locale, le fer, le pylône tubulaire pourrait suppléer aux importations et contribuer à la réduction du volume des investissements de Sonelgaz dont le programme de construction de nouvelles centrales électriques appellera à l'intensification de son réseau “solidaire” et de distribution d'électricité. Les projections de la compagnie nationale d'électricité tablent, à terme, sur un maillage, une liaison entre toutes les centrales et le raccordement de tous les foyers algériens au réseau électrique. Ainsi, avec ses pylônes tubulaires, la Sarl Kechabia se positionne comme une alternative sur un marché dont le choix entre l'importation et le produit local reste entre les mains de Sonelgaz qui entend continuer ses investissements tout en essayant de réduire sa dépendance exclusive des importations d'où découleront des réductions et des économies de devises très importantes. Enfin, le directeur de la Sarl Kechabia nous avise que les portes de son entreprise sont ouvertes à tout opérateur économique de ce secteur.