Le matelas en devises a pour mission de renforcer les capacités financières du pays à l'étranger et non celle de financer les projets locaux. La mise en œuvre du programme quinquennal 2010-2014, pour lequel une enveloppe de 286 milliards de dollars vient d'être dégagée, intervient dans un contexte marqué par une crise mondiale dont les méfaits continuent d'importuner de nombreux pays. À l'instar des autres nations, l'Algérie subit, elle aussi, les répercussions de cette crise d'autant qu'il est recensé un manque à gagner à plusieurs niveaux. Néanmoins, des mesures ont été prises dans le cadre de la loi des finances complémentaire (LFC) pour 2009 afin d'amortir les effets négatifs de ce bouleversement économique international. L'Algérie est tenue, en outre, de parachever le processus de développement, enclenché avec le plan de soutien à la relance économique en 2001. Il existe ainsi une dynamique et une cohérence à maintenir. Et ce nouveau plan vient à point nommé, pour consolider cette ambitieuse démarche. Il (plan) vise à parachever les projets qui découlent du précédent. Il a également pour but de lancer de nouveaux projets en matière d'infrastructures tels que la rocade des Hauts-Plateaux, la construction de barrages, la réalisation de 2 millions de logements, le réseau ferroviaire, l'édification des 4 nouvelles villes… L'autre objectif recherché est de créer toutes les conditions nécessaires à même d'asseoir une croissance économique sur des bases saines et durables. En termes plus clairs, qui ne dépend pas de la dépense publique uniquement. il est impératif de réduire la dépendance du pays vis-à-vis des hydrocarbures. Le gouvernement compte à travers ce programme d'investissement, pour les 5 années à venir, développer les capacités productives du pays grâce à une parfaite (ré)-industrialisation. D'où la décision des pouvoirs publics de mettre à niveau quelque 14 EPE pour un montant de 333 milliards de dinars et la création de plus de 200 000 PME/PMI. “La finalité de toutes ces mesures et celles réservées aux secteurs de l'agriculture et du tourisme, c'est d'atteindre une vaste densification et plus grande diversification de l'économie nationale afin de la soustraire progressivement aux hydrocarbures”, expliquera M. Salah Mouhoubi, docteur en sciences économiques et politiques. Par ailleurs, les observateurs se posent la légitime question de savoir d'où sera puisée cette faramineuse somme ? À ce propos, il y a lieu d'évoquer deux paramètres. D'abord, il faut tenir compte de la décision gouvernementale, excluant tout recours à l'emprunt extérieur. Ensuite, il faut reconnaître que l'Algérie a dépensé plus de 200 milliards de dollars dans le plan antérieur sans recourir au financement externe ou l'utilisation des réserves de changes. Pourtant, l'impact de la crise mondiale était impitoyable pour plusieurs pays. Or, tout porte à croire que le prix du baril de pétrole se maintiendra, selon des experts avertis, à des niveaux élevés durant les 5 prochaines années. Il se situerait entre 70 et 100 dollars. Ces prévisions sont établies par les experts du FMI, sur la base d'une relance économique mondiale attendue, confortée par un taux de croissance appréciable aux USA, en Asie et en Afrique. Notre pays a, par conséquent, la capacité financière requise pour concrétiser ce programme, à moins d'un imprévu, c'est-à-dire d'un retournement négatif de la conjoncture, conséquence d'une baisse de la croissance mondiale. Ainsi, l'utilisation du matelas en devises dont dispose l'Algérie qui avoisinerait les 150 milliards de dollars, n'a jamais été d'actualité. Ces ressources ont pour mission de renforcer les capacités financières du pays à l'étranger et non celle de financer les projets locaux. Toutefois, l'usage de ces milliards en devises et du Fonds de régulation des recettes (FRR) peut intervenir, en cas d'extrême nécessité, telle qu'une “catastrophe” économique mais avec prudence et rationalité. Ces deux conditions revenaient tel un leitmotiv dans le discours d'investiture du président de la République en avril 2009. Le chef de l'Etat a réaffirmé aussi ces deux exigences, lors du Conseil des ministres de mardi. Car, ces recettes financières proviennent essentiellement de l'exploitation des hydrocarbures qui demeurent une ressource éphémère. Pour cela, une maîtrise parfaite des projets par le biais d'un suivi et d'un contrôle rigoureux est de mise à jamais. C'est l'une des principales solutions d'ailleurs, pour lutter contre les dérives que sont la corruption et autres fraudes qui ont pris des proportions alarmantes dans notre pays. Et pour arriver à réaliser avec succès ce programme, il est temps, suggère M. Mouhoubi, d'instaurer une évaluation permanente des politiques publiques.