L'importance du volume des investissements suscite de nombreux questionnements parmi les acteurs politiques et économiques. Attendu avec beaucoup d'intérêts par les observateurs de la scène économique nationale, la classe politique, les partenaires étrangers et les citoyens, le plan quinquennal 2010-2014, qui devra mobiliser une enveloppe financière de 286 milliards de dollars américains, vient d'être adopté par le conseil des ministres. C'est là, à l'évidence, un événement majeur dans l'histoire économique de la nation algérienne. L'importance du volume des investissements prévus par ce programme suscite, cependant, de nombreux questionnements parmi les acteurs socioéconomiques et politiques en présence. Ces préoccupations semblent essentiellement motivées par la part budgétaire considérable consacrée aux programmes en cours de réalisation, qui avoisinent les 130 milliards de dollars, soit 46% de l'enveloppe globale du programme de développent 2010-2014. Les pouvoirs publics sont donc interpellés sur les causes de ces surcoûts, (ou de ces besoins de financement complémentaires pour l'achèvement des projets lancés au cours du plan quinquennal précédent) qui sont supportés par le budget de l'Etat. De telles interrogations paraissent justifiées au regard des différents scandales qui ont marqué, ces derniers temps, la sphère politico-médiatique, à l'instar des dérives de la gestion de Sonatrach, ou encore les différentes réévaluations du coût de l'autoroute Est-Ouest, qui est passé de 8 milliards de dollars, à environ 20 milliards de dollars. Par ailleurs, au plan de l'efficacité économique stricto sensu, d'aucuns estiment que l'injection massive de capitaux dans les infrastructures de base n'implique pas, nécessairement, l'amélioration du taux de croissance et ne permet pas de tirer, de façon significative, l'économie nationale vers le haut en l'absence d'une stratégie industrielle clairement définie. C'est là un débat d'école qui n'est pas propre à l'Algérie, d'autant que de telles expériences ont été vécues par de nombreux pays développés marquées entre autre par la rhétorique autour de la théorie keynésienne. En tout état de causes, un consensus de satisfaction globale se dessine autour de ce plan, même si des réserves pertinentes, et tant mieux, sont formulées à l'égard de la démarche préconisée par les pouvoirs publics, lesquels pouvoirs publics seraient bien avisés d'affiner leur stratégie de communication en direction des acteurs notamment privés, directement impliqués dans les activités productives. S'agissant des inquiétudes liées à l'utilisation des deniers publiques, aux risques de corruption, ainsi qu'aux conditions de maturation des projets pour éviter les surcoûts, l'Etat semble avoir anticipé les réponses. En effet, au cours du conseil des ministres consacré à l'adoption du plan quinquennal 2010-2014, le président de la république a déclaré notamment : “nous accompagnerons cette importante dépense publique de développement avec la rigueur nécessaire pour bannir tout excès et surtout tout gaspillage dans le fonctionnement de l'Etat et des collectivités locales.” Dans ce contexte, il prévoit des contrôles annuels d'évaluation des dépenses liées aux projets de chaque secteur, et d'apporter les correctifs qui s'imposent. Pour ce qui concerne les conditions de maturation des grands projets d'investissement, les décideurs, à la suite de l'éclatement de nombreux scandales, ont opté pour le renforcement des missions et prérogatives de la Caisse nationale de l'équipement pour le développement (Cned) qui sera désormais chargée de valider toutes les études de maturation des grands projets. Outre l'ensemble des aspects évoqués précédemment, la structure de l'allocation des ressources par secteur d'activité, qui révèle une évolution des pouvoirs publics dans leur approche de la question du développement global, et tout particulièrement dans son volet humain, (40% des dépenses prévisibles, soit près de 50 milliards de dollars), retient tout spécialement l'attention des observateurs et analystes politiques. Cette option, paraît, à notre sens, motivée par deux considérations clairement affichées : en premier lieu, il s'agit de satisfaire les besoins de la société en améliorant ses conditions de vie – le caractère social de l'Etat algérien semble ainsi réaffirmé en référence à la déclaration de novembre 54. En second lieu, construire une économie hors hydrocarbures, en misant sur le développement des ressources humaines, des sciences et des technologies nouvelles, pour relever les défis de la compétitivité des facteurs de production, imposée par le processus de mondialisation et d'internalisation du capital – l'anticipation prospective sur les évolutions futures de la nouvelle configuration du contexte géostratégique international, paraît sous-tendre cet objectif. Dans cet esprit, le fonctionnement démocratique de la société et des institutions de la république, notamment l'ouverture du champ médiatique, y compris le secteur de l'audiovisuel, constitueront le meilleur rempart de lutte contre les prédateurs.