“Nous assistons actuellement à un phénomène qui consiste à attirer et, dans certains cas, à voler nos ressources humaines et compétences par les pays développés qui ont même tenté d'organiser ce vol à travers la loi”. Cette déclaration est de Tayeb Louh, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. Intervenant hier à l'ouverture de la 3e édition du Forum international de la ressource humaine organisé à l'hôtel Mercure sous le thème “L'homme est au cœur du succès de toute entreprise”, le ministre a déploré le fait que “ce vol des ressources humaines des pays en développement par les pays développés a failli se faire légalement à travers la définition de critères et de conditions pour l'attraction de nos compétences”. Le ministre, visiblement scandalisé par cette situation, a expliqué avoir abordé cette question à l'occasion de rencontres tant de l'Union africaine que de l'Organisation arabe du travail. “Nous avons voulu instituer un observatoire pour ces compétences-là de façon à aider leurs pays respectifs dans le développement”. Evoquant le cas Algérie, le membre du gouvernement a estimé nécessaire la mise à contribution “de nos compétences nationales à l'étranger dans le développement du pays” compte tenu du déficit actuel en la matière. Le déficit concerne précisément “les formateurs” fera remarquer Louh qui justifiera dès lors la stratégie du gouvernement en la matière. “Notre stratégie a pour priorité la formation des formateurs”, note-t-il. Le ministre évoquera le cas de la clinique spécialisée dans la chirurgie infantile à Bou-Ismaïl. “À cause d'un déficit en spécialistes, nous étions obligés de transférer pendant des années nos malades à l'étranger, sans pour autant que des équipes médicales ne forment nos médecins dans ces spécialités et sans qu'il y ait un quelconque transfert de technologie”. Et de noter : “Le fait d'organiser les compétences nationales, de tirer profit des expériences des chercheurs algériens à l'étranger et d'assurer leur contribution à l'effort national de promotion de la recherche demeure un but à atteindre pour former un noyau d'expériences nationales solides et concrétiser des objectifs de politique nationale en matière de recherche scientifique et de développement technologique”. “Ces compétences constituent un atout et un moyen d'accélérer l'accession de l'Algérie à l'économie fondée sur la connaissance et leur participation à l'amélioration rapide de l'environnement, tant celui de la recherche scientifique, de la technologie que celui de l'investissement et inciteront au renversement des flux des compétences sans que cela se traduise d'ailleurs nécessairement par leur retour physique”, expliquera encore le ministre à cet égard. Ce faisant, aux yeux du premier responsable du ministère du Travail : “Nous devons créer les conditions adéquates pour permettre à ces compétences établies à l'étranger de mieux aider nos pays”. Le ministre a annoncé qu'il sera question d'une modification du code des marchés pour “permettre aux PME issues de l'Ansej d'entrer dans la concurrence, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui”. En outre, le forum ouvert hier verra la participation des experts algériens et étrangers dans les ressources humaines. “La mobilisation du personnel au cœur de la performance organisationnelle”. “Le talent de management et ses tendances sur le marché mondial” et “La gestion des compétences au service de la stratégie”, sont parmi les thèmes qui seront abordés par les experts. Une dizaine d'ateliers est, par ailleurs, programmée sur différentes thématiques telles que “le schéma directeur des ressources humaines d'une entreprise” et “les outils d'évaluation des compétences”. Pour répondre aux attentes des chefs d'entreprise et être en adéquation avec leurs préoccupations, l'édition 2010 sera dédiée à la gestion de la compétence/management et de la performance, qui sera abordée sous tous ses aspects sous-jacents, dont les objectifs de la gestion des compétences et la construction de la grille des compétences.