Miloud, c'est son prénom, n'était plus qu'une loque, un débris humain lorsqu'il a été découvert, mercredi matin, par les gendarmes. Souffrant d'un handicap physique, il a été séquestré par son oncle depuis 35 ans dans une minuscule pièce, autant dire un trou à rat, dans un petit village près d'Aoulef, dans la wilaya d'Adrar, à plus de 1 500 km au sud d'Alger. L'homme, qui a aujourd'hui 66 ans, a été enfermé depuis 1975. Il a été découvert par des gendarmes les pieds ligotés au fond d'un réduit, vêtu de haillons, laissant apparaître sa nudité, selon le correspondant local de la Chaîne III. Il a vécu, plutôt survécu, par miracle dans le noir total, à l'intérieur d'une “pièce” d'environ quatre mètres carrés, au milieu de ses excréments. Il n'y avait ni électricité ni eau, ni toilettes. Seule une porte en bois permet d'y accéder, selon notre confrère. “Ce que les gendarmes ont découvert vous coupe le souffle (…). Une odeur nauséabonde, repoussante vous oblige à reculer, à vous masquer le visage”, ajoutait-il. “Trente-cinq ans de captivité ont eu raison de lui, de sa volonté, de sa mémoire qui se dégradait quotidiennement. Toutes ces années ont transformé cet homme, maigre et peureux. Il retrouve enfin des draps, un lit, la lumière et, surtout, sa liberté”, selon la même source. Un mois auparavant, les services de la gendarmerie avaient fait une terrifiante découverte semblable à Zaouiet Kounta, dans la même région d'Adrar. Une femme, prénommée Zohra, a retrouvé sa liberté après 20 ans de séquestration. Elle avait 20 ans, à la fleur de l'âge, lorsque son père, l'avait jetée dans une étable de quelques mètres carrés pour une histoire de “relation sexuelle”. Elle a vécu, pendant toutes ces longues années, entre les chèvres et les brebis. Son horizon se limitait à cette étable. Aujourd'hui, Zohra a 40 ans. Elle est prise en charge par des psychologues et des spécialistes de l'hôpital d'Adrar, pour tenter d'effacer, ou tout au moins, de diminuer les effets des séquelles profondes de la séquestration qu'elle a subie.