Dans le cadre des activités culturelles de la 3e édition du Festival culturel international de la littérature et du livre de jeunesse, une conférence a été animée, avant-hier à l'esplanade de Riad El Feth, par Marie Elizabeth Laurentin et modérée par Caya Makelé. Le thème de cette rencontre abordait “le panorama de la littérature de jeunesse en Afrique”. L'intervenante a levé le voile sur l'origine de cette littérature, son évolution, mais surtout sur les difficultés rencontrées par cette littérature de jeunesse pour prendre place dans les régions africaines. “Le livre de jeunesse en Afrique existe seulement depuis une trentaine d'années. Il est apparu après les indépendances. De nombreux littéraires africains se sont battus pour instaurer le livre de jeunesse dans les mœurs durant les années 1970”, a souligné la bibliothécaire française et spécialiste de la littérature africaine. En effet, pour l'émergence de cette littérature et son évolution, les écrivains se sont mis “à écrire au moins deux livres par an, dans le but de réduire l'invasion étrangère”. S'inspirant des traditions orales de l'Afrique subsaharienne, cette littérature demeure inaccessible aux enfants de cette région. “Elle est issue de sa propre culture”, affirme-t-elle. Et d'ajouter que sa réussite et son succès reviennent à la conscience et à la détermination des auteurs et éditeurs de plusieurs pays d'Afrique, comme le Cameroun, le Sénégal, la Guinée, où de nombreuses maisons d'édition ont pris leur élan. “La qualité des illustrations est meilleure, les textes aussi. De plus, l'auteure ivoirienne Jeanne Cavali a réussi à introduire le livre de jeunesse et remplacer le conte”, a ajouté la conférencière. Par ailleurs, les problèmes que traversait la littérature de jeunesse sont multiples, et ils persistent jusqu'à maintenant, malgré les progrès survenus ces derniers temps. “L'accès à l'école est difficile dans des régions africaines. De plus, la plupart de ces livres sont francophones et coûtent cher, ce qui pose des problèmes de langue aux enfants qui ne la connaissent pas.” La langue ne représente pas le seul inconvénient. En effet, la vente de ces ouvrages est minime, seulement les bibliothèques offrent la possibilité de les consulter. “Malgré la création de maisons d'édition, cela reste faible pour la production. Il faudrait qu'il y ait aussi des ateliers de formation et de création. Les enfants doivent avoir une accessibilité facile à travers des coopérations et des échanges pour le développement de cette littérature.”