À Alger, ces derniers jours, on ne parle plus que de ça. Les citoyens sont d'autant plus inquiets que l'argument qui consiste à justifier cette inflation de cas par une absence d'hygiène a été écarté. Même les personnes et les familles à cheval sur la propreté ont été touchées. Cette inquiétude est renforcée par le fait que cette année, contrairement aux précédentes, l'eau a coulé à flots dans les robinets. Les habitants du Grand-Alger sont surpris par cette épidémie qui ne choisit pas ses victimes. Celle-ci frappe toutes les couches sociales. En effet, les services d'ophtalmologie des hôpitaux sont submergés et les pharmacies prises d'assaut depuis pratiquement le début du mois. Les pharmaciens arrivent difficilement à satisfaire la demande en médicaments pour cette pathologie. “Il y a pénurie car on ne peut pas prévoir ce genre de situation à l'avance”, explique le professeur Kellou, professeur en épidémiologie, chargé de la prévention au niveau du ministère de la santé. Questionné sur ce phénomène, le docteur trouve “la situation inquiétante mais pas alarmante”. Il reconnaît, toutefois, l'existence d'une épidémie qui pourrait encore s'étendre plus, si des dispositions draconiennes ne sont pas prises. Le Pr Kellou préconise que tout le monde soit mis à contribution. “Les personnes atteintes doivent prendre conscience que le virus est facilement transmissible. Il faudrait qu'elles sachent qu'elles sont directement impliquées dans cette guerre contre ce virus. Que les personnes infectées évitent les lieux publics”, souligne le médecin. Néanmoins, il tient à préciser que “la situation est maîtrisable”. “La maladie, reprend M. Kellou, se présente sous deux formes. Il y a une infection dite virale et une autre bactériologique. Celle qui sévit chez nous est heureusement virale. C'est un moindre mal. Le virus quand il est connu et répertorié est facilement anéanti, car il suffit de l'attaquer avec l'antidote, contrairement à l'autre forme”, explique M. Kellou. La seconde forme nécessite, en effet, un traitement graduel, difficilement maîtrisable par le patient, sans parler de son coût élevé. Quant aux différentes autres épidémies rapportées par la presse cette année, ce responsable attire l'attention sur le fait que selon lui : “Il y a eu beaucoup de mauvaise compréhension.” Une épidémie est considérée comme telle, selon des critères statistiques bien précis, rappelle le médecin. Enfin, le ministère de la santé a donné des directives, de façon qu'à tous les niveaux des secteurs sanitaires étatiques, les citoyens puissent recevoir des soins et acquérir gratuitement les médicaments. M. B.