La visite à Alger du ministre français délégué au commerce extérieur et d'une délégation de 85 chefs d'entreprise à Alger pourrait constituer un tournant dans les relations économiques algéro-françaises caractérisées par la frilosité de l'investissement “francilien”. Elle augure tout au moins de meilleures perspectives en matière de partenariat. Topo : depuis l'investiture du président Bouteflika, les nuages se sont dissipés entre l'Algérie et la France. Le dynamisme du chef de l'Etat a favorisé le retour des compagnies aériennes françaises. Un signe positif en matière de perception du risque Algérie. Le marché des hydrocarbures s'est ouvert aux sociétés françaises, alors qu'il était une exclusivité anglo-saxonne. Par ailleurs, de grands groupes ont obtenu d'importants contrats : Alcatel dans les télécommunications, Alstom dans les équipements électriques… Les constructeurs Peugeot et Renault ont reconquis des parts de marché. Leurs immatriculations sont en tête de liste des importations algériennes de véhicules particuliers. Au tableau gris, la dissymétrie entre l'importance des contrats décrochés et la faiblesse des investissements français. En effet, les entreprises françaises ont arraché pour 650 millions d'euros de contrats en 2001 contre 100 millions d'euros en 1999. En revanche, à la lecture des récents engagements français, le constat est clair : la France n'est pas un gros investisseur hors hydrocarbures en Algérie. Elle est dépassée par l'Allemagne, l'Inde et l'Egypte. Les constructeurs Peugeot et Renault ont engagé de gros investissements ces dernières années. Mais leurs engagements sont cantonnés dans la distribution. Dans le secteur de l'agroalimentaire, Danone, Castel, Yoplait (Sodima) et les fromageries Bel sont présents en Algérie à travers prise de participations, accord de franchise, de sous-traitance ou investissement direct. Bien que cette implication soit à encourager, car des produits de meilleure qualité seront sur le marché au profit des consommateurs, ne nous leurrons pas : ce sont de petites opérations. Tel est également le cas des engagements des banques françaises : 8 à 10 millions de dollars de capital par banque, qui traduisent, nous semble-t-il, une volonté de ne pas prendre trop de risques sur l'Algérie. En matière d'appui financier, le montant de la conversion de dette accordé à l'Algérie paraît dérisoire par rapport à celui de l'Espagne ou de l'Italie. Mais le soutien financier au secteur privé, en revanche, s'avère important. En résumé, ne regardons pas trop le rétroviseur. Jugeons sur pièce. À présent, de plus en plus d'entreprises françaises s'implantent en Algérie. Ce qui augure une expansion des échanges. Espérons que ce regain d'intérêt n'est pas motivé uniquement par une vision à court terme, à savoir considérer l'Algérie comme un souk et non en fonction des besoins de modernisation du pays. On pourrait parler véritablement de refondation des relations algéro-françaises, si elles s'inscrivaient dans la durée et dans le respect du principe d'équilibre des intérêts. Dans la perspective de la création d'une zone euroméditerranéenne de libre-échange, il reste, cependant, à l'Algérie d'améliorer rapidement le climat d'investissement, si elle veut drainer des flux de capitaux plus importants. N. R. Premier marché au Maghreb L'Algérie représente le premier marché pour les entreprises françaises au Maghreb. Elle est le premier partenaire commercial de la France hors OCDE. Les positions françaises sont fortes dans les secteurs de l'automobile, l'agroalimentaire, le médicament, les équipements industriels et le transport. Pour les produits pharmaceutiques, la France est le premier fournisseur de l'Algérie. Par ailleurs, Renault, Peugeot et Citroën accaparent, en 2001, 70% du marché pour les ventes de véhicules neufs, selon les données des autorités financières françaises. En matière d'investissement, plus de 60 filiales d'entreprises françaises opèrent en Algérie. Elles emploient plus de 6 000 personnes. Dans le domaine du médicament, citons l'usine de production de Sanofi Synthelabo à Alger et d'Aventis en partenariat avec Saïdal. Dans le secteur des transports, CMA-CGM Algérie, filiale du groupe français, est le premier transporteur de conteneurs dans le pays. Il a investi 3 millions d'euros dans l'exploitation d'un port sec et s'intéresse au même titre que Sud Cargos à une prise de participations de 49% dans le capital de la CNAN. Dans le secteur électrique, Schneider dispose d'une usine de montage d'équipements électriques à Alger. La société locale BYA Electronic, elle, a conclu un partenariat industriel avec Thomson. Dans le secteur des hydrocarbures, les intérêts français vont crescendo. TotalFinaElf et Gaz de France s'impliquent aujourd'hui dans l'exploration et le développement de gisements. Enfin, la France demeure le premier partenaire commercial de l'Algérie avec un volume d'échanges de 6,8 milliards d'euros en 2001. N. R. Implication de CASTEL Rachat de l'usine Coca-Cola • Le groupe français Castel, spécialisé dans les boissons, a racheté l'usine Coca-Cola de Skikda, indique une source sûre. Elle confirme le lancement du projet d'investissement industriel par le même groupe à Oran. L'exemple de Castel mérite d'être mis en relief. Malgré ses déboires, en particulier une offre de prise de participations dans le groupe GBA, restée deux ans sans réponse, le groupe Castel n'a pas jeté l'éponge. N. R.