Trente-deux ans après sa disparition, une conférence sur cet homme de lettres a été organisée, mercredi dernier, dans le cadre de la 3e édition du Festival culturel international de la littérature et du livre de jeunesse. Les organisateurs de ce festival ont choisi, cette année, de rendre hommage, à travers cette rencontre, à un homme de lettres algérien longtemps oublié. Un écrivain dont les œuvres viennent d'être rééditées chez Média Plus. Un écrivain qui reste méconnu et peu étudié à l'université, malgré une œuvre qui a marqué la littérature algérienne d'expression française. Au programme de cette rencontre, des interventions sur la vie et l'œuvre de Malek Haddad. Sid-Ahmed Agoumi, qui lui vouait une grande admiration, a déclamé des textes à la mémoire de cet auteur. Modérée par Aïcha Kassoul, cette conférence hommage a été composée en deux parties. Si la première était plus didactique, la seconde avait ce cachet plus personnel, plus humain. Dans son préambule, la modératrice dira qu'on connaît deux choses de cet auteur : “Il est Constantinois, et la polémique autour de la langue dans laquelle il écrivait, c'est ce qui l'a conduit à prendre la décision de ne plus écrire”. L'intervention de Menouba Hadj Amar, auteure de À la rencontre de Malek Haddad, s'est voulue très didactique, tel un manuel de lecture sur tous les plans. Lui succédant, Djoher Amhis-Ouksel abordera Malek Haddad à travers son roman Je t'offrirai une gazelle. Prenant la parole, l'universitaire Abdelkrim Ouzaghla abordera l'épineuse question relative au choix de Malek Haddad de cesser l'écriture en langue française et sa relation conflictuelle avec cette langue. “Je suis en exil dans la langue française, mais pas certain que ‘l'exil' n'est pas utile, je transmets également mes remerciements à cette langue,ce qui m'a permis de servir ou de tenter de servir mon pays bien-aimé”, avait écrit Malek Haddad un jour. Un exil dans la langue et un sentiment de non-appartenance terrassaient l'auteur de L'élève et la Leçon. Toutefois, grâce à M. Ouzaghla, nous avons pris connaissance que deux recueils de poèmes de Malek Haddad ont été traduits vers l'arabe : Le malheur en danger (en 1956, par le Syrien Malik El Abyadh Aïssa et, en 2005, par l'Algérien Abdeslem Yekhlef) et Ecoute, je t'appelle. Omar Mokhtar Chaâlal, quant à lui, abordera Malek Haddad à travers deux monstres de la culture algérienne : Mohamed Issiakhem et Kateb Yacine. À eux trois, ils formaient ce que leur entourage appelait “le trio infernal”. C'est son côté humain et sensible qui est mis en évidence. Enfin, et pour apporter un peu plus de fraîcheur en cette journée très chaude de ce début du mois de juin, Sid Ahmed Agoumi charmera l'assistance – dommage peu nombreuse – par la lecture de différents textes de Malek Haddad. Une initiative certes louable rendant un hommage, qui a trop tardé à venir, à un auteur qui, malgré sa décision de mettre fin à sa “carrière d'écrivain”, a laissé en héritage un certains nombre d'œuvres inachevées, mais qui manquent un peu de consistance. Un certain décalage était perceptible entre les interventions qui, au bout du compte, n'ont levé le voile sur aucune vérité nouvelle, que sur ce que l'assistance connaissait déjà sur le fils de la ville des Ponts suspendus, Constantine, dont il est la fierté.