Dans l'Algérie profonde, la population est confrontée quotidiennement à une vie des plus rudes. Le chômage est considéré, au même titre que la drogue, comme ravageur. À Sedjerara, un nombre important de jeunes vit dans le marasme. Ils sont sans occupation à longueur d'année. En l'absence effective de vrais chantiers d'investissement, la région de Sedjerara demeure parmi celles qui souffrent le plus de ce fléau du chômage. Des universitaires notamment, qui se comptent par dizaines, sont quotidiennement rassemblés dans les cafés maures de la ville de Mohammadia. Ceux que nous avons questionnés sur leur situation sociale sont unanimes, ils ont presque le même avis. “Je viens tous les jours prendre une chaise et un café, et m'asseoir dehors en attendant des jours meilleurs, peut-être un visa ou un job ! Mais je préfère un visa, c'est mieux à mon avis”, nous dit le jeune Hamadouche, diplômé de l'université de Mostaganem en agroalimentaire depuis maintenant quatre longues années. À Sedjerara, le dégoût et le faux espoir se mêlent et comblent ainsi les longues journées fatigantes de cette jeunesse en mal d'occupation. Les vendredis, jour durant lequel se tient le marché hebdomadaire de la ville, quelques jeunes comme ceux des grandes agglomérations prennent place dans le petit espace réservé à la vente des portables et articles électroniques. L'opportunité n'est pas à négliger puisque cela leur permet de gagner quelques sous pour rompre le chômage qui les tient à la gorge. Pour le jeune Mourad, chômeur non diplômé, l'astuce est vite trouvée : “Je vends et j'achète des portables de toutes les marques, chaque jeudi je suis ici.” À la question de savoir combien il gagne à chaque fin de marché, il nous répond. “À vrai dire, selon la présence des acheteurs. S'il y a des opportunités, je gagne jusqu'à 3 000 DA et même plus”, répond le jeune Mourad en tenue de sport, trois portables à la main. Pour la plupart des jeunes qui s'adonnent à ce genre de business, le grand retour des émigrés est synonyme d'un pactole en plus. Vendre tout est pour eux un gagne-pain et un refuge. “Ici à Sedjerara, ce n'est pas évident de dénicher un poste de travail alors que le nombre de diplômés dans différentes spécialités est en hausse perpétuelle, puisque aucune usine ou chantier n'existe dans les environs immédiats de cette commune”, nous dit Hocine, diplômé au CFPA de la ville.