L'Ouganda est revenu hier sur son refus d'inviter le président soudanais Omar El Bechir, sous le coup d'un mandat d'arrêt international, au prochain sommet de l'Union africaine (UA) convoqué fin juillet à Kampala, a-t-on appris de source officielle. «Le ministère (ougandais) des Affaires étrangères souhaite apporter la clarification suivante (...), le président Béchir a bien été invité au sommet de l'UA», indique un communiqué officiel publié hier dans la presse. Selon un communiqué de la présidence ougandaise diffusé samedi, au contraire, «le président Yoweri Museveni (avait) informé que son homologue soudanais le général Omar Hassan Béchir n'avait pas été invité à participer à la conférence de l'UA». Le texte précisait alors que le Soudan est libre de déléguer au sommet d'autres représentants. «Le communiqué du ministère des Affaires étrangères reflète la position actuelle du gouvernement. Le communiqué des Affaires étrangères prend la préséance sur le mien», a confirmé le porte-parole du président Museveni, Tamale Mirundi. Le refus initial de l'Ouganda d'inviter le président soudanais avait été salué samedi par les défenseurs des droits de l'homme, dont l'organisation américaine Human Rights Watch (HRW) qui y avait vu «une indication que les Etats africains se rangeaient du côté de la responsabilité et de la fin de l'impunité». Omar El Bechir est le premier chef d'Etat en exercice à se trouver sous le coup d'un mandat d'arrêt international délivré pour la CPI pour crimes de guerre et contre l'Humanité au Darfour (ouest du Soudan). Cela ne l'avait cependant pas empêché de participer à un sommet de l'UA à Syrte (Libye) au début de l'été 2009, les pays africains ayant décidé de ne pas coopérer avec la CPI pour son arrestation. M.Museveni avait fait part de son refus d'inviter son homologue soudanais vendredi dernier, lors d'une rencontre avec le président de la CPI, M.Sang-Hung Song, à Kampala pour une conférence internationale de révision du traité de Rome fondateur de la Cour pénale internationale. La tenue de cette réunion internationale à Kampala est censée témoigner de l'instauration d'une meilleure coopération entre la CPI et les pays africains, dont un certain nombre estiment leur continent injustement pris pour cible par la juridiction installée à La Haye. Le Soudan avait réagi dimanche en exigeant une rétractation et des «excuses publiques» de la part des autorités ougandaises, accusées d'avoir «outrepassé» leurs pouvoirs par ce refus. L'Ouganda avait invité deux fois l'an dernier M.Bechir, à l'occasion de deux réunions internationales, dont un sommet de l'UA fin octobre sur les réfugiés, tout en lui recommandant de ne pas accepter cette invitation en raison du mandat d'arrêt lancé contre lui. Le président soudanais n'était venu à aucune de ces deux réunions.