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La main de Zerhouni
Derrière l'interpellation du Directeur du Matin
Publié dans Liberté le 25 - 08 - 2003

Mohamed Benchicou a démenti, hier, qu'un procès-verbal ait été établi, lors de son contrôle, samedi, par la police algérienne des frontières (PAF) à l'aéroport d'Alger, comme soutenu dans un communiqué diffusé par l'APS.
M. Benchicou, contacté, hier, par téléphone, affirme que, “sur la base de fausses informations selon lesquelles il aurait séjourné 24 heures à Paris, capitale française, pour ramener de la devise afin de régler les dettes du Matin”, la police de l'aéroport d'Alger l'a interpellé pour une fouille. “Ils (les policiers, ndlr) n'ont trouvé que des papiers personnels, des cartes de crédit, des chéquiers, du courrier personnel, des pièces d'identité, des bons de caisse qui m'ont été confiés et que je ne laisse jamais à la maison pendant mon absence. Je n'avais même pas de bagages”, souligne-t-il. Les policiers lui ont restitué tous ses documents et les bons de caisse qu'il avait l'habitude de prendre avec lui lors de ses déplacements “pour des raisons de sécurité”. “Ils me les ont restitués intégralement. Ils n'ont rien saisi. Il n'y avait pas lieu de saisir quoi que ce soit”, précise M. Benchicou. L'Agence presse service, hier, à 0 heure 30 minutes, a diffusé une dépêche indiquant que “la police des frontières de l'aéroport Houari-Boumediene a découvert, samedi 23-08-2003, l'équivalent de 11 700 000 dinars, en bons de caisse, libellés en dinars, dans les bagages de M. Benchicou Mohamed Bouâlem, directeur du quotidien Le Matin, alors qu'il venait de Paris, citant un communiqué de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN)”. La même information a été reprise par les médias publics. Pour M. Benchicou, lorsque la presse indépendante s'est emparé de l'affaire, “Zerhouni, à la lecture des journaux, s'est rendu compte de la bourde qui consiste à procéder à la fouille sur un directeur d'un journal, sur de fausses informations. Une fouille qui n'a rien donné”. À 1h15, “Zerhouni rédige, à la hâte, un communiqué mensonger, qu'une presse publique aux ordres” s'est empressée de publier dans le but de nuire à son journal, déjà suspendu depuis le 18 août pour non-paiement de créances aux imprimeries de l'Etat. Benchicou cite “la Télévision, l'APS, El Moudjahid et Horizons”. “Cette presse publique, dirigée par des responsables inféodés à Yazid Zerhouni, n'a même pas publié le communiqué du Matin, mais a publié celui de Zerhouni, 10 heures après”, souligne Benchicou. Sauf la Radio, précise le directeur du Matin, qui a eu le réflexe de lire le communiqué du Matin. Le rédacteur en chef du Matin, Youssef Rezzoug, nous a déclaré qu'il a téléphoné à Toufik Khelladi, le premier responsable de l'APS, qui est, nous dit-on, en congé.
M. Benchicou affirme qu'aucun procès-verbal n'avait été établi par les policiers. Le directeur du Matin souligne que lui et l'équipe de son journal “assistent avec sérénité à cette pitoyable agitation qui met en scène un ministre tortionnaire et ses valets qui répercutent des mensonges dans la presse publique et qui intoxiquent l'opinion publique”.
Le journal Le Matin se dit déterminé à reparaître : “Nous allons payer la rançon que nous impose le clan de Oujda. Nous reviendrons avec la même ligne éditoriale, d'autres révélations et d'autres informations sur cette équipe présidentielle qui pille le pays.” Pour Benchicou, avec la reparution du journal Liberté, le complot visant les journaux hostiles à Bouteflika et le clan de Oujda a été déjoué. “Nous avons privé le pouvoir de ses arguments”, insiste-t-il. En ajoutant : “La stratégie qui consiste à diviser les journaux suspendus entre eux, d'une part, et les journaux qui n'ont pas été touchés, d'autre part, a échoué.” Le Matin, une fois Liberté reparu, avait publiquement déclaré qu'il allait régler “ses dettes exagérées et arbitraires” pour reparaître. “Cette déclaration du Matin, cette volonté de ne pas aller à la confrontation stérile, plutôt que de régler ses dettes, cette position a complètement dérouté, voire affolé ceux qui ont organisé la suspension des journaux, à savoir Zerhouni et Ouyahia”, souligne Benchicou. D'où “cette mascarade” de l'aéroport.
Meziane Rabhi
Le Matin revient mardi
“Le Matin comme promis, après la reparution de Liberté, a honoré la totalité du montant exigé abusivement par les quatre imprimeries”. C'est ce que nous a déclaré, hier, M. Benchicou. Le Matin s'est acquitté d'une somme de plus de 12 milliards de centimes. Le journal ne paraîtra pas pour autant aujourd'hui. L'imprimerie Simpral a refusé d'accepter un chèque d'un montant d'un milliard six cents millions de centimes que l'administration du Matin n'a pas eu le temps de faire certifier par la banque. La reparution de notre confrère est reportée de 24 heures
M. R.
La dépêche de l'APS
La police des frontières de l'aéroport Houari-Boumediene a découvert, samedi 23-08-2003, l'équivalent de 11 700 000 da, en bons de caisse, libellés en dinars, dans les bagages de m. Benchicou Mohamed Boualem, directeur du quotidien Le Matin, alors qu'il venait de Paris, indique un communiqué de la Direction générale de la Sûreté nationale (dgsn).
L'intéressé a déclaré, lors du contrôle, qu'il s'agissait de bons de caisse qu'il avait lui-même sortis à l'étranger et qu'il rapatriait aujourd'hui (samedi), ajoute le communiqué qui indique qu'un procès-verbal a été établi avec photocopies des documents.
La justice sera saisie, conclut le communiqué.
APS (24 août 2003, 00h37)
l'avis d'un avocat : Me Bourayou à Liberté
“Il y a une volonté de nuire à la presse”
Liberté : Le directeur de la publication de notre confrère Le Matin, Mohamed Benchicou, a été appréhendé, avant-hier, à l'aéroport par la police algérienne des frontières à son retour de Paris. Il a été soumis à une fouille corporelle, ses papiers ont été contrôlés et son portefeuille ouvert pour examen des documents en sa possession. Est-ce que l'interpellation de Benchicou est régulière ?
Me Bourayou : Avant de répondre à cette question, il convient de souligner que la mésaventure dont a été victime le directeur de la publication du Matin s'inscrit dans le cadre d'une stratégie de harcèlement, d'intimidation et de pression exercée par le pouvoir pour museler la presse indépendante dont il n'arrive pas à soutenir le rythme de critiques et de dénonciation des méthodes et des formes de gestion de la chose publique. Ceci étant, il ne faut pas croire que cette stratégie prédatrice des libertés et des droits va s'arrêter en si bon chemin.
Je n'exclus pas d'autres formes d'intimidation à l'encontre des éditeurs de la presse indépendante. S'agissant de l'interpellation de Benchicou, je me serais contenté de dire qu'elle pourrait être régulière pour peu qu'elle obéisse à la norme de droit et au respect de la dignité humaine. Benchicou a été interpellé par la police des frontières au moment où il récupérait ses bagages. Le contrôle de la police est supposé être fait. Par ailleurs, la manière avec laquelle cette interpellation a été faite, puisqu'elle a mobilisé plusieurs policiers, suscite des interrogations.
Cela suppose-t-il qu'il s'agit d'un contrôle autre que routinier ?
Bien évidemment et cela pour deux raisons. La première est à rattacher à la déclaration du ministre de l'intérieur selon laquelle certains directeurs de publication chercheraient des soutiens financiers extérieurs pour régler les créances des imprimeries dont il importe de souligner le caractère arbitraire des procédures de recouvrement, caractérisées par des ultimatums imposés en violation des prescriptions contractuelles. La deuxième raison tient à la fonction du directeur de la publication du Matin qui a eu à dénoncer, ces derniers mois, les privilèges de l'homme d'affaires émirati Al-Shorafa, la dilapidation des biens de la collectivité nationale et plus particulièrement l'affaire de Mahfoud Sadaoui, où un ministre de la république est accusé de torture.
Qu'en pensez-vous du communiqué de la DGSN ?
Premièrement, ce communiqué est surprenant, puisqu'il a été fait et diffusé à une heure du matin et dont le seul journal El Moudjahid en a assuré la publication. Pourquoi un communiqué et à une heure aussi tardive ? En outre, quels sont l'intérêt et la valeur d'un tel communiqué qui prend les apparences d'une mise en cause de Benchicou visant à jeter le discrédit sur sa personne et à le confondre dans un acte délictueux ?
Y a-t-il dans ce cas un acte délictueux ?
La police algérienne des frontières, qui jouit des prérogatives de police judiciaire, n'a pas à constater des infractions douanières qui relèvent de la compétence exclusive des services de la douane. Tant qu'il n'y a pas un procès-verbal de constat dressé par les agents habilités des services de la douane, il n'y a pas d'infraction. C'est ce document qui obéit d'ailleurs à un formalisme rigoureux, tant au plan de la réhabilitation des agents verbalisateurs que des énonciations obligatoires, telles que l'identité de l'auteur de l'infraction, la nature du délit et sa base juridique, sans oublier pour autant la mention relative à la signature de cet auteur reconnaissant les faits qui lui sont reprochés. En prenant ce communiqué, il y a manifestement, de la part de la police algérienne des frontières, un dépassement de ses prérogatives et une atteinte sérieuse au droit de Benchicou, notamment ceux liés à la protection de sa vie privée et à son droit de circuler librement.
Mais dans ce communiqué, on fait état de bons de caisse en possession du directeur du Matin...
Le bon de caisse est un effet cambiaire relatif à la détention d'une monnaie nationale au même titre qu'un chèque ou une carte de crédit. La détention de ce bon de caisse ne saurait tomber sous le coup de la loi sur le transfert des capitaux.
Pour preuve, si la détention d'un tel effet cambiaire était prohibée, Benchicou aurait fait l'objet d'un procès-verbal de constat d'un délit douanier.
On remarque aisément que ce communiqué ne vise, en fait, qu'à induire l'opinion publique en erreur en abusant de sa crédulité, sujette à croire en la légitimité de l'autorité publique.
Il y a manifestement dans ce procédé une intention délibérée de nuire à la personne de Mohamed Benchicou. Et partant, à la presse indépendante dont beaucoup de ses responsables ont eu à subir les affres de l'intimidation de la pression et du harcèlement.
Nadia Mellal
Communiqué de Mohamed Benchicou
Quand Nouredine Zerhouni a juré publiquement de “faire payer le directeur du Matin” pour avoir révélé l'affaire Sadaoui et étalé son passé de ministre tortionnaire, j'étais loin de penser qu'il allait utiliser des méthodes aussi indignes que le mensonge. Il a placé mes téléphones sur écoute, il m'a fait suivre jour et nuit, voilà qu'il ment maintenant sur mon compte. Affolé de n'avoir rien trouvé sur moi à l'issue de la fouille qu'il a fait procéder par les services de police, samedi après-midi, à l'aéroport d'Alger, et apprenant que la presse allait rapporter sa bavure policière dans ses éditions de dimanche, le ministre de l'Intérieur a fait rédiger à minuit, à la hâte, un communiqué mensonger qu'il n'a pas hésité à faire publier sur El Moudjahid et à faire lire à la radio et à la télévision. Pour les besoins de son scénario mensonger, il a inventé un “délit”, la possession de bons de caisse tout à fait légaux, et affirmé, toute honte bue, que ledit “délit” a fait l'objet d'un procès-verbal qui aurait été établi par les services de police. C'est faux. Le ministre ment. Il n'y a jamais eu de procès-verbal. Devant précisément l'absence de délit, les policiers n'ont établi aucun document, contrairement à ce qu'écrit Nouredine Zerhouni. Ils m'ont restitué tous mes documents personnels, mes papiers d'identité, mes chéquiers, mes cartes de crédit ainsi que mes bons de caisse personnels que j'ai l'habitude d'avoir sur moi quand je me déplace, pour des raisons de sécurité. Quelle loi interdit à un citoyen algérien d'avoir sur lui son livret d'épargne ou ses bons de caisse, légaux, délivrés par des banques algériennes ? Nous le saurons de la bouche du juge, puisque Zerhouni parle de saisir la justice. En vérité, le ministre croyait trouver dans mes bagages des sommes en devises destinées à faire reparaître le journal, pensant que le directeur du Matin utilisait les mêmes procédés que le clan qui est le sien, eux qui sont habitués à expatrier des sommes d'argent dans des valises. Il a menti pour se sortir d'embarras. Quelle décadence !
Ce recours honteux à la désinformation démontre le désarroi du cercle présidentiel. Pour notre part, cela ne nous étonne pas. Le Matin, qui a toujours agi dans la transparence et qui est victime d'une suspension arbitraire, reste déterminé à revenir sur les kiosques le plus tôt possible, dès règlement des créances que les imprimeries lui ont fabriquées sur instruction du gouvernement. C'est l'unique objectif qu'il s'assigne pour l'heure et il ne compte pas se laisser divertir par l'agitation désemparée du ministre de l'Intérieur.
Mohamed Benchicou, Directeur du Matin


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