- Le directeur du journal Le Matin, Mohamed Benchicou, a reçu quatre convocations en l'espace d'une journée. - Le compte du journal a été bloqué, hier après-midi, l'empêchant ainsi de payer la dernière facture pour reparaître. Le ministre de l'Intérieur semble décidé à mettre sa menace, “faire payer le directeur du Matin”, à exécution. Retour sur une histoire qui prend l'allure d'un harcèlement. Dimanche, de retour de Paris, le directeur du Matin a été interpellé et fouillé au niveau de l'aéroport d'Alger. La police algérienne des frontières (PAF) a trouvé dans son bagage à main des bons de caisse d'une valeur de 11 millions de dinars, mais aussi des chéquiers et des cartes de crédit. Tous ses effets lui ont été restitués. Benchicou affirme qu'aucun procès-verbal n'a été établi et donne rendez-vous aux lecteurs du Matin pour aujourd'hui. Il s'apprêtait à acquitter la somme de 12 milliards exigée par les quatre imprimeries. Hier, la brigade économique et financière a été mise en mouvement. Elle adresse dans la matinée à M. Benchicou deux convocations le sommant de se présenter en urgence. Une troisième convocation lui a été envoyée, lui demandant de se présenter à 15 heures. Le directeur du Matin, selon ses avocats, était disposé à répondre aux convocations que la brigade économique et financière lui a envoyées. Mais, il estimait que la priorité était la reparution du journal. Entre-temps, il apprend que le compte du journal, domicilié à la BDL, a fait l'objet de blocage. Mohamed Benchicou ne pouvait plus disposer des comptes de son journal. Tard dans la soirée d'hier, la rumeur de l'interpellation du directeur du Matin a fait le tour des rédactions. Au niveau de son domicile à Alger, sis rue des Pins à Hydra, quelques journalistes étaient déjà sur place. Des éléments de la police, en civil, étaient également présents. Le concerné, Mohamed Benchicou, était absent, mais ses représentants sont là. Ses avocats nous expliquent la genèse de l'affaire et mentionnent qu'ils ne comprennent pas les raisons du blocage du compte du journal. Pour Youcef Rezzoug, rédacteur en chef du Matin, la situation est en revanche tout à fait claire : “Ils ne veulent pas de la reparution du Matin.” Un des avocats de Benchicou affirme qu'il avait pris attache, à 16 heures, avec les services de la brigade économique et financière, leur assurant que son client allait se présenter le lendemain, c'est-à-dire aujourd'hui. Mais la police semble vouloir l'entendre le jour même, soit hier. Aux environs de 19 heures, les services de la brigade économique et financière téléphonent au domicile de Benchicou. “Ils veulent être rassurés sur le fait que M. Benchicou aille chez eux demain (aujourd'hui, ndlr)”, nous dit son avocat. Quelques secondes après, la sonnerie de la maison retentit. C'est le commissaire en personne qui s'est déplacé au domicile de Benchicou. L'avocat l'invite à entrer en lui disant que le directeur du Matin était absent. Le commissaire décline poliment l'invitation. Dérangé par la présence des journalistes, il descend les escaliers. Le représentant de Mohamed Benchicou nous informe que la police “insiste pour qu'il soit entendu dans la soirée”. M. R. Le ministre de l'intérieur l'avait dit “Le directeur du Matin va le payer” “Quand on sait que Le Matin veut donner des leçons de morale, je m'abstiendrai de faire des commentaires (…). C'est le directeur du Matin qui devra donner des explications sur son train de vie à Paris, comment il a pu obtenir tout le patrimoine dont il dispose, lui qui vit en famille, en France, un pays dont le niveau de vie est très élevé (…). De toutes les manières, le directeur de cette publication va payer.” Yazid Zerhouni, le 22 juillet 2003 à Djelfa.