Pour une entrée en matière dans ce Mondial 2010, ce fut tout simplement cauchemardesque. Deux mains maladroites et débiles, l'une de Ghezzal et l'autre de Chaouchi, ont transformé en l'espace de quelques minutes le rêve algérien en cauchemar. Alors que les Algériens semblaient plutôt tenir le bout de l'équation face à une formation slovène franchement tout juste moyenne et au moment où le point du nul était largement à leur portée, l'avant-centre de Sienne et le keeper des Verts décidèrent d'offrir carrément le gain du match à leur adversaire. Sur une frappe anodine du capitaine Robert Koren, Chaouchi imite son collègue anglais Green et laisse filer le ballon dans ses propres filets. Celui que le coach Saâdane continue de considérer comme le meilleur gardien de l'équipe, porte sans doute une grosse responsabilité dans l'échec d'hier. Chaouchi avait, pourtant, promis de se racheter après une première bourde en période préparatoire contre l'Eire, mais rien n'y fit. Saâdane a beau garder la confiance en lui pour des raisons évidentes ; il court un risque certain de récidive. En tout cas, la bévue monumentale d'hier met désormais l'Algérie dans une position bien délicate car à voir le menu des deux matches suivants, l'on se demande si les Verts n'ont pas déjà hypothéqué leurs chances pour la qualification au second tour. Avec l'Angleterre et les USA qui viennent derrière, la mission sera sans doute très ardue. Fortement compliquée. Mais au-delà des bévues personnelles de Chaouchi et Ghezzal qui ont certes précipité hier la chute des Verts, c'est tout le système de jeu de l'équipe nationale qui est aujourd'hui remis en cause. Les coéquipiers de Ziani avaient beau avoir l'emprise sur le jeu, la domination fut stérile et molle, trop molle pour faire mouche. Combien de fois n'attend-on pas vu Ziani et Belhadj amorcer des accélérations dans le camp adverse avant de rebrousser chemin, faute de soutien et surtout de stratégie offensive préalablement définie. La prestation amorphe d'hier a, du reste, confirmé les appréhensions suscitées lors de la période préparatoire qui faisait ressortir nettement cette incapacité des Verts à porter l'estocade. L'attaque, maillon faible de l'EN depuis la CAN, est de nouveau restée muette. D'ailleurs, l'on avait même la nette impression que les Verts pouvaient jouer des heures sans pour autant parvenir à concrétiser. Le jeu algérien souffre, d'une manière flagrante, d'un manque de percussion, d'imagination et de rigueur. ça manque de génie et de créativité. Et cela se travaille à l'entraînement. Le staff technique peine toujours à trouver des solutions en attaque. Les options qui consistent à miser obstinément sur Djabbour, Ghezzal, Matmour et Saïfi ont montré leurs limites. Saâdane est sommé d'apporter des changements dans ce secteur de jeu pour le prochain match. Il doit, enfin, donner la chance à ceux qui peut-être provoqueront le déclic. En tout cas, Saâdane a la lourde responsabilité de trouver la bonne formule car un autre revers contre l'Angleterre sera synonyme de retour précoce au pays, ce qui constituerait un échec total. En attendant, la prestation terne d'hier a apporté de l'eau au moulin à ceux qui ne parient pas un sou sur cette équipe algérienne à l'image de Diego Maradona qui affirmait samedi que “l'Algérie n'avait pas beaucoup de chances d'aller loin dans ce Mondial”. Il ne croyait pas si bien dire. Il n'a pas manqué d'ajouter que “les Algériens devaient être fiers de leur équipe, et que les joueurs devaient prendre du plaisir à jouer une Coupe du monde”. Pas sûr qu'ils le soient à la vue de la rencontre d'hier. Le premier changement que doit décider Saâdane en l'occurrence est de se départir de cette prudence coupable et libérer le jeu des Verts. Injecter dans cette équipe un zeste de culot pour rompre avec cette image peu enviable d'une formation pas sûre d'elle et cadenassée dans des schémas tactiques ultra-défensifs, alors qu'il y a largement de la place à une meilleure cadence offensive. Dans un Mondial, sur lequel les yeux du monde sont braqués, les Verts n'ont rien démontré hier. Ils ont laissé la terre entière sur sa faim avec en sus ce sentiment qu'ils sont venus en Afrique du Sud pour “un petit tour d'honneur puis s'en vont”. À l'inverse des deux Mondiaux de 1982 et 1986, durant lesquels les Belloumi et consorts, à défaut d'arracher le sésame des huitièmes de finale, ont réussi à gagner la reconnaissance des puristes, celui de 2010 porte les prémices d'un gros gâchis. Aux Verts de nous contredire, l'histoire ferme parfois ses portes trop vite. LIRE TOUT LE DOSSIER EN CLIQUANT ICI