En matière d'organisation, on ne peut tout de même pas dire que cette Coupe du monde 2010, qu'accueille l'Afrique pour la première fois de son histoire, soit une réussite totale. La sécurité laisse à désirer ici en Afrique du Sud, au point où, par moments, on se demande réellement quelles étaient les motivations de la Fifa pour offrir un tel cadeau à un pays qui est encore loin des pays européens en la matière. Car, en dépit de tous les moyens colossaux mis à contribution pour la réussite de cet événement, sur lequel la population locale mise énormément pour améliorer son niveau de vie et donner la meilleure image possible du continent noir, l'insécurité et la peur restent les maîtres absolus des lieux. Cela, on a pu le vérifier de visu dans les différentes villes que nous avons pu visiter depuis notre arrivée au pays de Nelson Mandela. Le climat d'insécurité est tellement présent et dissuasif que cette si recherchée “ambiance Coupe du monde” est presque quasiment absente des rues sud-africaines. Ni défilés de supporters, ni fêtes, ni rien. Pour voir les différentes délégations de supporters défiler, il faut se rendre à des endroits comme l'aéroport ou le lieu des résidences. La peur de se faire agresser ou carrément tuer a dissuadé toutes les délégations étrangères de célébrer l'esprit unificateur de la Coupe du monde. À peine l'horloge affiche 22 heures que les rues deviennent désertes, à l'exception de quelques rares grands boulevards. Et là encore, ce n'est pas la fête puisque aucun magasin n'est ouvert à cette heure-ci, encore moins en pleine nuit. Ce “couvre-feu” officieux dissuade tout supporter de prendre un quelconque risque. Personne ne s'amuserait à mettre sa vie en danger. Ces supporters qui veulent quand même faire la fête sont ainsi obligés et contraints de le faire dans leur hôtel ou lieu de résidence, afin d'être sûrs de rester en… vie. Donc, pour le tourisme, il faudrait revenir le jour où vous serez en groupe, et encore. Même en pleine journée, les supporters déambulent avec cette hantise de se faire agresser. D'ailleurs, l'une des toutes premières choses à apprendre en arrivant ici en Afrique du Sud est de rester constamment sur ses gardes, marcher en se retournant constamment, en scrutant l'horizon, à gauche, à droite, devant, derrière… À chaque coin de rue, il faut faire très attention. Même les Sud-Africains eux-mêmes agissent de la sorte et ne font confiance à personne. Les chauffeurs de taxi, officiels ou clandestins n'ont, également, pas confiance en leurs clients. Avant de vous emmener à destination, ce chauffeur doit s'assurer que vous êtes bel et bien journalistes. Quand il aura vérifié votre carte de presse et accréditation, il demande à l'un de ses amis de l'accompagner, question de se sentir en sécurité dans son propre pays. Quand vient la nuit, la peur devient encore plus vivace dans les esprits. En particulier lorsque des véhicules de la police sud-africaine, avec des hommes sur-équipés et armés jusqu'aux dents, commencent à faire des tournées nocturnes, comme si le pays était en guerre, et non un pays organisateur de la plus importante compétition footballistique de la planète.