Comparées à celles d'aujourd'hui, les images satellitaires datant d'avant 2000 démontrent à quel point la région d'El-Bayadh a frôlé la catastrophe en matière de désertification qui aurait pour conséquence directe l'exode vers le nord du pays. En effet, les habitants de la région n'oublieront pas de si tôt ce qu'ils appelaient communément le feuilleton, allusion faite aux incessantes tempêtes de sable des années 1990. Bien que des chercheurs aient expliqué ce phénomène par une sécheresse aiguë ayant sévi dans la région, il n'en demeure pas moins que beaucoup d'entre eux parlent d'une surexploitation des ressources naturelles. C'est à ce titre que des expériences ont été lancées afin de réguler tous les domaines liés au pastoralisme et autres activités agricoles. Comme mesure d'urgence, la mise en place d'un mécanisme de rotation inhérent à la gestion des parcours afin de mettre au repos des milliers d'hectares de terre, à même de les préserver de la surcharge animale. Cette stratégie, menée sur le terrain par le Haut-Commissariat au développement de la steppe, n'a pas tardé à porter ses fruits, puisqu'en l'espace de deux ans seulement, l'évaluation des parcours a donné plus de 200 unités fourragères par hectare alors qu'elle n'était que de 20 lors du lancement de l'opération en 2000. En plus de cette technique de sauvegarde des écosystèmes, un plan de lutte contre la désertification est venu s'annexer ayant pour objectifs majeurs la gestion rationnelle des eaux de profondeur ainsi que l'utilisation des eaux de surface pour l'irrigation de parcelles agricoles, notamment avec la réalisation d'ouvrages d'épandage de crues et de stockage. Le pastoralisme étant l'activité principale des habitants, des centaines de points d'eau ont été créés afin de mettre fin à l'anarchie générée par une transhumance mal contrôlée, laquelle d'ailleurs constitue l'une des causes de la disparition du couvert végétal. Pour mettre à profit tous ces efforts, les cadres du HCDS ont prévu, pour la journée de ce jeudi, une grande manifestation à Tousmouline, une localité-pilote d'où a été donné le coup de starter du programme de lutte contre la désertification. Comme bilan, nos interlocuteurs revoient le retour progressif de l'alfa, la création de centaines de points d'eau en zones éparses, l'irrigation de centaines d'hectares de terre par épandage de crues et la préservation des écosystèmes steppiques. Par ailleurs, la loi instituée en 1997, régissant le droit au pacage, a, jusque-là, généré une rentrée d'argent qui dépasse les 6 milliards de centimes, une embellie financière qui a fait profiter des APC, en mal de budget, comme Cheguig ou Rogassa, les plus touchées par le phénomène de la désertification.