Suite à son audition avant-hier, le directeur du Matin s'est présenté aujourd'hui, pour la deuxième fois, devant le procureur du tribunal d'El-Harrach. Cette comparution fait suite, rappelons-le, à une enquête ouverte contre sa personne, par le procureur de la République près la cour pour transfert de bons de caisse, en dinars algériens, en rentrant de son voyage de Paris. Mohamed Benchicou a passé toute la journée de mardi dernier entre interrogatoires au niveau du commissariat, perquisitions à son domicile et à celui de ses parents et une présentation au parquet. Ce dernier, pour les besoins de l'instruction, lui a signifié de se présenter une deuxième fois au tribunal hier. Le directeur risquait de passer la nuit dans les geôles. Aux environs de 8h30, M. Benchicou, accompagné de ses avocats et du collectif des journalistes du Matin, s'est présenté au commissariat central d'Alger pour le retrait de la convocation. Le directeur s'est fait conduire par la police. Ce fut la présentation devant le procureur d'une personne présumée coupable de délit. Après 5 heures d'instruction au niveau du bureau du procureur, ce dernier a demandé un mandat de dépôt contre la personne de Benchicou. Le juge d'instruction, après avoir pris connaissance du dossier, a requis une mise sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire national. Le directeur du Matin devra se présenter obligatoirement une fois par semaine au niveau du commissariat du lieu où il habite. À l'issue de cette audience, M. Benchicou a déclaré : “Je ne comprends pas une telle mesure. Le complot qui consistait à faire disparaître Le Matin n'a pas réussi et cela démontre que la justice refuse d'être instrumentalisée dans des combats politiques.” Il est à noter qu'au moment où Benchicou subissait l'instruction, une plainte a été déposée contre sa personne auprès dudit tribunal par le ministère des Finances. De son côté, le Syndicat national des douanes, par le biais de son secrétariat national, se prononcera sur l'affaire Benchicou dans une déclaration qui sera rendue publique la semaine prochaine. Ce syndicat considère que, sur le plan technique et légal, l'administration des douanes, après avoir étudié les tenants et les aboutissants de cette affaire, a confirmé de manière claire qu'il n'y avait aucun manquement à la réglementation et encore moins à la législation des changes. Il précise que le concerné n'a même pas pu atteindre les bureaux des douanes pour faire ses déclarations ainsi que les formalités requises. M. B. Le Soir d'Algérie a entamé deux actions en justice contre la SIA Contrairement à Liberté, au Matin et à El Khabar, les quotidiens Le Soir d'Algérie, L'Expression et Er-raï sont toujours sous le coup de la suspension. Comme presque tous ces quotidiens, Le Soir d'Algérie a entamé une poursuite judiciaire contre la SIA. La première action a été portée devant le juge des référés, à l'effet d'ordonner à la SIA la reprise du tirage du journal. “Il y a eu violation caractérisée de la relation contractuelle”, précisent les avocats du journal. L'audience a eu lieu hier au tribunal d'El-Harrach en présence des avocats, maître Bourayou et maître Meziane. La requête a été formulée sur la base de la mise en demeure de la SIA adressée le 14 août dernier en signifiant à la direction du Soir d'acquitter ses “créances” dans un délai de 10 heures, en mettant fin aux contrats les liant. L'affaire a été mise en délibéré et les deux parties sont convoquées devant le juge samedi matin afin de connaître le verdict. La deuxième action a consisté à saisir le juge sur le fond pour cette suspension abusive de tirage qui a entraîné des conséquences financières importantes et un manque à gagner considérable. Les avocats ont demandé la désignation d'un expert qui se chargera d'évaluer le préjudice subi. “Nous demandons des dommages et intérêts”, concluent-ils. M. B.